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13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 04:46
432062.jpgCeux qui ont lu Dialogue entre un homme d'Église et une femme de lettres tome I se souviendront que la coauteure de ce livre à succès avait un fils en 2002 qui souffrait d'un cancer du type colorectal. Il avait 38 ans et son fils avait 18 mois. Il avait alors 2% de chance de survivre. Il partage actuellement mon logement avec son épouse et son enfant. Ses chances de vaincre le cancer sont maintenant de 90% environ.

Martin Gray a écrit sur les forces de la vie. C'était le deuxième livre de sa collection, si je me souviens bien. Mais lire sur le sujet et le voir à l'action est différent. Jean-Pierre a une philosophie de la vie qui me dépasse. Faut-il passer si près de la mort pour ainsi saisir la force de la vie? Il n'a aucune religion, mais sa foi semble dépasser la mienne. C'est probablement parce que ma foi est imprégnée d'une forme de connaissance issue de la réflexion des grands penseurs. Jean-Pierre est un penseur qui nous fait réfléchir. C'est probablement l'expérience de la vie qui apeure le plus. La conscience peut arriver à un niveau où elle accepte l'inévitable sans raisonner. C'est ce qu'il a fait de son expérience avec la maladie. Il s'est fermé à tout autre commentaire qui ne convenait pas au succès de son combat.

Quand on est à ce point habité d'une telle force de vivre, faut-il une religion comme telle? Il me semble que c'est la différence entre l'eau du puits et l'eau du ruisseau. Cette dernière coule d'elle-même et ravive la nature sur son passage. Alors que l'eau du puits a besoin d'une pompe pour faire surface et ainsi accomplir sa mission qui est d'assouvir la soif chez l'humain. La religion serait alors la pompe, manuelle selon les prières conscientes et voulues, ou mécanique selon un rituel auquel on s'est si bien habitué qu'on ne se demande plus comment ça fonctionne. N'est-ce pas cela une pompe mécanique? On ne s'en occupe pas jusqu'à ce qu'elle se brise ou cesse de fonctionner. C'est alors que nous la questionnons. Elle devient un problème à résoudre.

Se peut-il que ceux qui questionne leur foi se sentent vidés de la force de la vie? J'ai eu de beaux échanges avec Jean-Pierre et cela m'aide à nommer l'essentiel de ma religion, celle qui pompe de la vie une force capable de  changer les montagnes et surtout, de donner à boire à ceux qui ont soif. La religion choisit les élu(e)s qui pourront assouvir leur soif, alors que la nature s'offre à celui qui lui tend la main.
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12 août 2007 7 12 /08 /août /2007 03:44
dessin-7.jpgDans l'Évangile de ce 19e dimanche du temps ordinaire, Jésus donne un enseignement sérieux qui, il me semble, devrait découler de nos célébrations Eucharistiques. La question de Pierre me surprend: " Seigneur, cette parabole s'adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde?" Et Jésus ne répond pas à cette question.

"Cette parabole s'adresse-t-elle à nous..." c'est à dire aux apôtres et à leurs successeurs, le Pape, les Cardinaux, les Évêques et les Prêtres qui travaillent en collaboration avec les Évêques? Ou est-ce pour tout le monde? Cette question de Pierre est le dilemme d'aujourd'hui quand nous disons "Église". De qui parlons-nous quand on dit: "L'Église devrait....", on vise qui? J'ai vécu l'expérience lors de la Virée des Idées à Radio-Canada en mars dernier. On voulait faire croire qu'il n'y a qu'une forme d'Église, celle de Rome qui dicte la manière de vivre. On se souvient que l'Église n'impose pas sa moralité à ses fidèles. Elle propose un encadrement pour mieux centrer l'expérience de la foi.

Peu importe le rôle que l'on joue dans l'Église, comme laïcs engagés ou comme personnes consacrées, l'Eucharistie propose deux volets; la célébration en Église et le vécu en communauté. Nous avons la mission de faire fructifier les bienfaits de l'Eucharistie dans notre quotidien. Qu'en faisons-nous? En 1982, je m'occupais d'un groupe de jeunes à Ville de La Baie. Un samedi soir, nous passions devant une église où les gens sortaient de la messe dominicale anticipée. Un jeune avec dit: "Connaissez-vous la nouvelles définitions d'un catholique? C'est quelqu'un qui a une bonne appétit. Il mange une hostie par semaine et un prochain par jour!" Les autres jeunes ont rit. Je leur ai rappelé que la voiture dans laquelle nous nous promenions appartenait aux Frères des Écoles Chrétiennes chez qui je pensionnais. 

"À qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup; à qui l'on a beaucoup confié, on réclamera davantage." Cette parole s'adresse à tous ceux qui participent à l'Eucharistie, laïcs et personnes consacrées. Il y a une mission liée à notre célébration Eucharistique, celle de la vivre dans notre quotidien. Cela exige une spiritualité de base qui nourrit notre démarche de foi. C'est en causant avec un muet que l'on perd le sens des mots. À qui Jésus s'adresse-t-il quand il propose un enseignement? Jusqu'à quel point nous en sentons-nous concernés?
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11 août 2007 6 11 /08 /août /2007 18:34
image7.jpgMa lecture du roman Les enfants de la liberté de Marc Levy m'a fait réfléchir sur le sens des mouvements de résistance à l'envahisseur. Certes, Marc décrit un contexte historique qui se répète ailleurs dans le monde. Les artisans ne sont pas tous membres de la Gestapo ou des Miliciens. Il y a ce mouvement envahisseur que l'on appelle mondialisation. C'est un principe flou, basé sur un rien et qui monopolise l'énergie économique de la planète. Chaque fois que les leaders de ce mouvement se rassemblent, il y a toujours un mouvement de protestation pour défendre l'équité entre les peuples et la justice sociale. Ces mouvements de protestation sont en eux-mêmes des actes de foi dans le peuple. Comment revendiquer le principe de Dieu comme contre-partie au principe économique de la mondialisation? D'abord, le principe de la mondialisation n'est pas nouveau. Dans les années '40, ce mouvement s'appelait "néo-libéralisme" et l'Église s'y était opposée. Le gain pour le gain n'apporte pas le salut au peuple, il le divise, le fractionne pour lui enlever son énergie de base. Cela explique que les miliciens de la Mondialisation soient constamment contre l'Église. Ces miliciens sont maintenant les institutions financières et les médias. Plus on dénoncera les scandales dans l'Église, plus les médias s'enrichissent au profit des institutions financières.

La résistance doit venir de la base, de petites coopératives d'entraides humanitaires à une échelle réduite. Un geste simple, une parole inspirée qui accompagnent tous les actes de boycott que l'on peut promulguer. Nos moyens de résister peuvent ressembler aux vélos de la 35e brigade dont parle Marc Levy. Il sont minimes à comparer aux chars d'assaut et aux blindés de l'époque. À la fin, la résistance sous Charles de Gaule était aussi outillée que les envahisseurs.

L'idée principale n'est pas de vaincre la mondialisation mais de ne jamais perdre sa foi en Celui qui appelle l'équité entre les peuples à partir d'un acte individuel à la portée de soi. Il n'est jamais facile de résister aux courants populaires qui engendrent la révolte et sollicite la mutinerie. Que cela soit pour le bien ou pour le mal, la violence n'est jamais une solution, elle n'est qu'une solitude individuelle et collective. Si j'engage ma foi au service des autres, essentiellement les grands manqueront de matière première pour maintenir des principes sans fondement.

Là se situe la force de l'Église comme peuple de baptisés centrés sur leur foi première. Dieu ne nous abandonne pas malgré les distractions qui nous empêchent de Le rencontrer et à Lui laisser la première place dans nos choix de vie. Nous aurons en Dieu la place que nous Lui donnons en nous, tant au niveau individuel que collectif ou en Église.
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10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 07:22
2058577-1.jpgJe viens de terminer la lecture du  roman de Marc Levy intitulé Les enfants de la liberté. C'est une brique de 435 pages publiée chez Robert Laffont en 2007 dont l'histoire porte sur la résistance française de la 35e brigade lors de l'occupation allemande de la 2e guerre mondiale. Ce n'est qu'à  l'épilogue que l'auteur dévoile ses sources. Dans le roman, Marc fait de son père le narrateur. C'est son hommage à l'héritage paternel qu'il veut mettre pas écrit. Cela me fait penser à Hamlet dans l'oeuvre de Shakespeare qui fait dire à protogoniste "Tell my story." Un peu comme Martin Gray dans son auto-biographie Au nom de tous les miens qui souligne l'importance de laisser la trace qui a marqué l'histoire pour qu'elle devienne une raison de vivre.

Le romancier n'invente pas le monde. Il prête sa plume à des coeurs qui ont aimé en silence et dans l'anonymat. Il se nourrit d'images intérieures pour ensuite en faire un portrait qui restera dans la mémoire des lecteurs. Je ne qualifierais pas le roman de Marc comme un roman historique. Il connaît son personnage principal puisque c'est son père. La fiction permet de décrire le contexte des événements en respectant la souffrance indicible des artisans du tableau, alors que le roman historique part d'une image que l'auteur se fait d'une page lointaine dont on ne connaît pas les personnages. Marc n'invente aucun personnage, il modifie peut-être leur histoire pour l'intérêt du lecteur et le respect de ceux qui en ont souffert.

C'est en lisant les écrits des autres que j'arrive à mieux saisir ma propre écriture et son importance dans ma vie. Mon écriture est ma spiritualité. Sans elle, mon ministère ne serait qu'une série d'actions au service des autres sans profondeur d'esprit. S'il y a des gestes qui parlent comme il y a des mots qui disent, c'est à cause de la spiritualité qui sous-tend les mots et soutient les gestes. La spiritualité est l'écho qui résonne dans les coeurs de ceux qui reçoivent les mots comme une Parole de Vie et qui accueillent les gestes comme un acte d'amour. On peut aimer les choses pour ce qu'elles apportent, mais dès que l'amour se tourne vers une autre personne et engage la réciprocité, il faut nécessairement une forme de spiritualité pour assurer la survie du rapport.

L'écriture est-elle importante dans ma vie? Quelle place devrait avoir la spiritualité dans la vie du prêtre? À moins que ce dernier ne se contente de n'être qu'une machine distributrice de sacrements.


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9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 15:54
Donald Cozzens, dans son livre Le nouveau visage du prêtre dit qu'il faut du courage pour s'arrêter et prendre du recul par rapport à son ministère et ses occupations afin de faire le point et rencontrer la source première de sa vocation. À quelques semaines de ce temps de recul, je suis en mesure de reconnaître la vérité de cette affirmation.

On peut aimer la vie et son ministère comme on peut aimer le golf et sa manière d'en jouer. Il y a les "Driving range" où on frappe des balles uniquement pour les frapper. On y fait même des compétitions à savoir qui frappera le plus loin. On peut même s'inventer des objectifs à atteindre et prétendre que l'on a réussi. Mais on peut aussi jouer un 9 ou un 18 trous avec un plan de match ou une stratégie de base. Il en va ainsi de la vie et de son ministère. On court d'un projet pastoral à un autre, on évalue l'activité par la participation des gens et on se donne bonne conscience à partir des recettes de la quête. On peut facilement ressembler à un hamster dans sa cage qui court continuellement dans son cylindre sans se demander où il va et quand il y arrivera.

Il faut du courage pour s'arrêter et faire le point sur soi et son engagement. Je me surprends des commentaires et des lettres que je reçois depuis que l'on sait que je prendrai un recul par rapport à mon ministère. Une lettre dit "Si vous décidez de poursuivre votre ministère ailleurs, ne faites pas allusion à moi comme cause de changement." 

Il y a une différence entre évaluer une situation et juger des personnes. Le but de ce retrait momentané n'est rien d'autre que de reprendre contact avec la source première de mon appel vocationnel, comme pour revoir ma rose principale dans le jardin de Dieu en moi. C'est reprendre contact avec CE QUE JE SUIS par rapport à CE QUE JE FAIS. Est-ce que mon engagement et ma manière de faire s'inscrivent dans le plan de Dieu pour moi, dans les communautés où je suis engagé et dans le diocèse à l'intérieur duquel j'ai opté de vivre ma vocation? Est-ce que j'avance ou est-ce que je fais du "sur place"? On peut aimer ou non ce que je fais, mais ce que je suis dans tout cela ne relève que de moi et de ma rencontre avec la source première de ma vocation.

La société présente des situations d'urgence remplies d'illusions et de faux espoirs. Suis-je à tomber dans ses pièges au détriment de mon appel premier qui est de servir? Il faut un véritable courage pour revoir ce pourquoi on manque de souffle devant les défis qui ne cessent de s'accumuler. C'est un moment de vérité pour soi et pour ceux avec qui l'on s'engage.

Voilà la différence entre travailler "avec" et travailler "pour" les autres. Je travaille avec des gens de bonne foi qui ont mille et une préoccupations en dehors de leur engagement pastoral. C'est triste que certains peuvent penser que je me retire pour mieux les juger. Pour entrer au coeur de mon engagement, j'ai à me juger moi-même et à évaluer le contexte dans lequel j'ai à faire évoluer mon appel à servir "avec" des gens animés d'une même foi, celle qui m'habite et m'anime.

Il faut du courage pour vaincre la peur du recul. Cela donnera une nouvelle perception des choses et une vue d'ensemble renouvelée. Je suis convaincu d'avance que le résultat sera positif. J'aimerais pouvoir en convaincre quelques-uns du bien fondé de ma démarche, mais je pense que ce serait manquer de foi. La vérité se tient toujours du côté du temps. Elle se révélera avec le temps. Un Sage m'avait dit: "Prends le temps de bien faire les choses, sinon le temps les défaira pour toi." Malheureusement, il y a des gens qui préfèrent se donner raison au lieu de chercher la vérité. Or, la raison a toujours peur du temps. Elle agit dans l'immédiat pour nous distraire de la Vérité. C'est pourquoi j'ai tendance à donner raison aux autres car ils en ont besoin dans l'immédiat. Quant à moi, je préfère chercher la Vérité et pour cela, il faut vaincre la peur du recul. 

On a tous une partie du jardin de Dieu en soi. Il revient à chaque individu d'y trouver sa fleur principale, son trésor caché, sa perle rare pour laquelle il est prêt à tout sacrifier pour la sauvegarder. La peur du recul est la pire tentation qui incite au mal. Ces mots ne se retrouve-t-ils pas quelque part à la fin de la prière que Jésus nous a laissée?
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8 août 2007 3 08 /08 /août /2007 16:11
image0055-1-.JPG(Lire Matthieu 15,21-28)
L'épisode de la Cananéenne m'interpelle beaucoup. Elle demande grâce pour sa fille malade et Jésus précise: "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël." Quand la Cananéenne insiste, il lui dit: "Il n'est pas bien de pendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens." Ce à quoi elle répond: "C'est vrai Seigneur, reprit-elle; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres."

Qu'est-ce qu'un dû et qu'est qu'un don? Pour les brebis perdues d'Israël, la grâce est un dû puisque Jésus est Juif et c'est pour eux qu'il est venu. Mais pour la Cananéenne, c'est un don conforme à sa foi. Elle y croit au point d'insister. Est-ce que j'insiste pour recevoir un don ou pour un dû?

Nous avons différents rôles à jouer dans la société. On dirait que chacun a sa place. Il y a des gens qui se font usurper leur place par une perte d'emploi. Et de plus en plus, l'écart entre les riches et les pauvres s'agrandit. Comment présenter l'Amour de Dieu qui dépasse les cadres sociaux, qui est un don et non un dû?

C'est le défi de la société d'aujourd'hui. A tous les paliers de gouvernements, on présente ses besoins comme des dûs. Le régime social dans lequel nous sommes branchés favorise un tel approche systématique. Mais pour Dieu, c'est un don. Une demande ne signifie pas une réponse immédiate dans le sens que nous le voulons. En fait, demander son dû c'est croire en ce qui est donné, alors que recevoir un don, c'est croire en celui qui donne. C'est pourquoi Jésus acquiesce à la demande de la Cananéenne, elle croit au donateur et non au don puisque le don n'est pas pour elle.

La vignette me rappelle le sens du don et du dû. Le dû est aussi lié au rang social. Comme individu, aurais-je les privilèges que me donne mon statut de prêtre et de curé? Cet aspect a deux côtés. Je pourrais très bien être la Cananéenne à cause de mon statut social. Il me faut une certaine distance pour comprendre que certains commentaires que l'on me fait ne s'adressent pas à moi comme homme mais à ce que je représente comme prêtre et curé. J'ai le rang de mon titre et de mes fonctions. Est-ce un dû ou un don.

Trop souvent, on voit Dieu comme le pourvoyeur des biens qui nous deviennent des dûs. On ne questionne même pas la foi avec laquelle nous demandons. Prendre sa place selon sa foi n'est pas la même chose que prendre la place dû à un rang social. Sa place selon sa foi repose sur Celui en qui nous mettons notre foi, alors que l'autre va de soi, comme un dû.

La foi engage souvent une rencontre des inégalités, telle que la biche et le lièvre de la vignette. Est-ce un don ou un dû? Il me semble qu'elle est l'image du don qui relève de la liberté, plutôt que du dû qui relève de l'obligation. 
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7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 15:59
Bad-day-8.jpgCe matin, je me suis réveillé sur un rêve dont l'image ressemble à la vignette ci-dessus. La tête pleine de beaux projets, je me sentais hors de la rampe de lancement. Les sommets à atteindre me semblaient soudainement comme des creux. Qu'avais-je fait de mal? Comment m'en sortir? Pourquoi moi?

Dans mon rêve, je m'étais fait prisonnier par des gens qui parlent ma langue. Tout de noir vêtus, ils devaient m'exécuter. Je serai mangé vif par un chien rebel du type pitbull noir. Moi qui ai une peur morbide des chiens noirs! On m'a enduit d'une substance sensée plaire au chien pour confondre son repas de subsistance. Puis, on m'a couché dans une auge et on m'a couvert de nourriture pour chiens. On y avait mis des épis de blé d'inde m'expliquant que le chien confondra les épis avec mes os. Je sentais ma conscience à mes pieds tant je me voyais couché sur le côté, la tête inclinée, le bras gauche replié comme pour m'en faire une oreiller. En arrière des gens priaient. Puis, je me suis surpris à dire "Saint-Marie, Mère de Dieu, priez-nous pécheurs, maintenant et alors de notre mort!" Et je me suis éveillé sur ces paroles adoptées autrement: "Saint-Marie, Mère de Dieu, prie pour moi, maintenant et à l'heure de ma mort."

D'où vient la culpabilité? L'Église s'en est longtemps servie pour guider, sinon mâter ses ouailles. Mais a-t-elle inventé la culpabilité? Vient-elle toujours des autres? Selon ce que je comprends de mon rêve, la culpabilité est cette substance sensée attirer l'élément dévorateur, alors que le chien comme tel serait l'image émotif des remords liés à la culpabilité et à la peur de Dieu comme l'ultime juge de la vie. Culpabilité et remords ont la même source mais se différencient l'une de l'autre par leur manière de se vivre. La culpabilité est comme une odeur que l'on traîne avec soi et le remords est cette morsure qui arrache le morceau jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de morceaux, qui blesse jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de vie. La culpabilité est immédiate et le remords est de longue date.

On dit souvent que l'Église joue sur la culpabilité et les remords pour maintenir un certain monopole sur une manière de vivre. C'est le vestige d'une vieille manière de dire les choses qui ne tient pas compte de l'évolution du discours de Dieu. Il existe maintenant une théologie de la psychologie, c'est-à-dire qui tient compte du comportement humain et de son mode d'apprentissage, comme il y a maintenant une théologie sociale (un discours de Dieu dans les rapports humains). C'est de là qu'est venu l'image d'un saint Pierre comptable qui a accès à au registre de notre vie personnelle et secrète. Il serait censé comptabiliser les bonnes et les mauvaises actions et le jugement suivrait selon si le total tombe dans le positif ou le négatif après l'addition.

Mais cette manière de faire était autant populaire que religieux. "On verra bien s'il fera encore son jar dans la vallée de Josaphat" disait le père Chevron, ce forgeron de la série télévisée Les Belles Histoires des Pays d'en Haut de Claude-Henri Grignon. Cette série portait aussi le nom de "Séraphin" et dans le magazine Le Bulletin des Agriculteurs, on en a fait une rubrique pendant des décennies qui s'intitulait "Une Homme et son Péché". La vengeance de Dieu était le seul recours pour les victimes de ceux et celles qui exerçaient une force usurpatrice sur les plus faibles. Dieu aimant les petits et les plus faibles, Il devait les venger au dernier jour. Mais à l'époque, les petits et les faibles constituaient la majorité de la société, alors que ceux qui réussissaient au détriment des autres ne constituaient qu'une petite élite de la population.

Malgré cela, ce souvenir est encore bien ancré de la mémoire collective et l'Église en est encore la grande fautive. Pour trop de gens, le mot ÉGLISE est encore synonyme de "culpabilité". Mais l'origine de la culpabilité et des remords viennent des profondeur de l'homme. Seraient-ce les vestiges du péché originel dont le baptême était censé effacer la trace? Serait-ce donc un baptême mal vécu parce que mal compris?

Pourquoi me réveiller sur cette portion de prière que nous récitons à toutes les neuvaines faites en groupe ou personnellement? Nous commençons aujourd'hui la neuvaine qui conduira à la belle fête de l'Assomption. Ce dogme où Marie, la Mère de Dieu, si Jésus est Dieu, est entrée au Ciel avec son corps et son âme. Qu'est-ce à dire?

Ce dogme est à l'image du pardon de Dieu pleinement vécu et accepté par l'homme. Marie est entrée intacte au Ciel, sans culpabilité ni remords. On faisait en elle la distinction entre les maux de son Peuple et son intégrité à elle. Elle était consciente de son don à l'humanité par son Fils Jésus et elle n'en regrettait rien. Par le don de l'Esprit Saint, nous portons Jésus-Ressuscité en nous. En faisons-nous don à l'humanité? Ou, ne s'était-ce que pour notre petit salut personnel? C'est une question de conscience partagée entre la culpabilité, le remords et le pardon. 

La culpabilité est innée car elle reflète l'idéal que nous nous faisons du bonheur, de la réussite, de l'accomplissement du soi et la fécondité de notre passage en ce monde. Ces éléments de la Volonté de Dieu pour soi ne sont jamais ce que nous pensons qu'ils devraient être en réalité. Je pense qu'elle est là notre culpabilité; je ne sens pas heureux comme ce que les autres disent du bonheur, ma réussite n'est pas comme celle des autres, je n'accomplie rien comme les autres, ma fécondité ne me rend pas aussi populaire que les autres. Le remords est l'opposé du pardon. Le remords, c'est de ne pas se pardonner de ne pas être comme les autres.

En fin du compte, mon rêve est salutaire. Le chien censé me dévorer est l'image que je me fais d'un Dieu apeurant parce qu'Inconnu et de son pardon inaccessible parce qu'incompris. Moi qui croyais qu'il me confondrait avec ce que l'on dit de moi de sorte qu'il me broie les os comme un épi de blé d'inde. Mais si, dans la réalité de Dieu, il ne faisait que me libérer de la sauce dont on dit que je suis fait. L'odeur de sainteté que l'Église reconnaît n'est rien d'autre que la senteur du pardon en Dieu dans l'existence d'un homme. 

On ne saurait jamais les valeurs hygiéniques du savon si l'on ne se donnait pas la grâce, de temps en temps, de se salir les mains. On n'a pas à se sentir  coupable d'avoir les mains sales à l'occasion, c'est grâce à elles que d'autres contemplent nos jardins de fleurs et potagers. Les chiens ne sont pas tous voraces et Dieu n'est pas vengeur. C'est une méconnaissance que nous sommes sensés confronter durant cette neuvaine qui nous conduira à l'Assomption de celle qui a fait la distinction entre ce qu'elle est et ce que son Peuple disait d'elle, entre ce qu'elle est comme Mère-Vierge et ce qu'elle fait comme son don à l'humanité par Jésus. Qu'en est-il de nous, sans culpabilité et sans remords?
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7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 02:28
image6.jpgL'Église en Acadie a-t-elle un avenir? L'Église et l'Acadie se partagent-elles le même avenir? Il est facile de remarquer à quel point les gens fêtent en Acadie. Camping, bières, bronzage et bavardage sur des sujets futiles. On ne peut se souvenir d'avoir vu quelqu'un lire un bon livre en période de vacances! Même, les bibliothèques ferment pour donner des vacances aux employé(e)s! Sur quoi repose l'avenir  de l'Acadie et de l'Église?

Pour ma part, je commence à réfléchir sur les options d'avenir, tant au niveau de l'engagement au sein de l'Église comme curé qu'à celui d'Acadien vivant en Acadie. Il me semble qu'il se présente une occasion inespérée pour faire avancer l'histoire acadienne et religieuse et ainsi épaissir ses livres avec  grâce aux  changements que les ré-aménagements pastoraux exigent en ce qui concerne les Unités Pastorales.

Pendant quelques années, on avait mis sur pied un programme de formation en leadership pastoral. Des certificats ont été distribués. Mais comment ces nouveaux leaders se manifestent-ils dans les Unités? Le temps urge et les solutions véritables pressent. Le clergé vieillit. Samedi, un confrère est venu célébrer des funérailles pour moi en paroisse. Le sacristain me disait à quel point le prêtre, bien connu de tous, semble avoir vieilli tout-à-coup.Il est pourtant l'un des rares prêtre sur lequel le clergé actif peut compter pour des remplacements en période de vacances ou autres. Avec ce manque de ressource en suppléance, il est à prévoir que des changements drastiques s'imposeront dans cinq ans. Faut-il vraiment attendre les situations d'urgence pour réagir? N'est-ce pas le moment de mettre en marche de nouvelles manières de faire qui tiendront compte des exigences du temps? 

Il me semble qu'il faut adapter de plus en plus les mots "héritage religieux" ou "patrimoine religieux" dans notre discours sur l'avenir de l'Église et de l'Acadie. Ces mots ne signifient pas la même chose que "patrimoine historique", ce dernier terme est réservé à la qualité 'architecturale de l'édifice. L'Acadie ne peut se figer sur sa déportation historique comme seul événement majeur de son histoire. L'histoire des villages et villes construits autour de leur église respective doit maintenant faire partie de notre héritage religieux et culturel, même si ces églises ne se classent pas comme "monuments historiques". Il y a un sentiment et une sensibilité véritables liées à ces bâtisses où se sont célébrés baptêmes, mariages, funérailles et messes dominicales, montées pascales, messes de minuit et retraites paroissiale. Ces événements passés sont encore intimement liés à la vie quotidienne des gens et ce, même s"ils pratiquent autrement que le faisaient leurs parents. Aujourd'hui les villages se dispersent et les villes se pluralisent au niveau des valeurs et des traditions religieuses. Si on adaptait l'idée d'un "héritage religieux" à sauvegarder, il me semble que cela aiderait à s'ajuster à la réalité pastorale d'aujourd'hui et à envisager les réalités pour l'avenir tant au niveau de l'Église que pour l'Acadie comme telle.

La survie des églises paroissiales repose entièrement sur la responsabilité des laïcs, mais à un autre niveau que celui de la pastorale ou de la liturgie. On ne peut pas lier le ministère du prêtre à une telle tentative de survie. Agencer l'horaire des messes pour favoriser les quêtes dominicales nous rapproche plutôt des vendeurs et des changeurs du Temple. Je pense qu'il est temps de former des équipes en charge de "l'héritage religieux" lié à nos églises, même si les célébrations de foi s'y feront de moins en moins. Actuellement, nous multiplions les services religieux pour donner un sens à la bâtisse. N'y aurait-il pas une autre manière à se préparer pour l'avenir avec sérénité et courage? Quand il paraît évident que les deux messes du samedi soir perdent leur sens tant l'assistance est minime à cause des activités communautaires populaires, est-il intelligent de maintenir une telle pratique, seulement pour la forme? Comme il y a déjà deux messes le dimanche matin, faudrait-il en ajouter deux autres pour en faire quatre dans une même matinée? À quelle heure serait la première et la dernière? 

L' A.D.A.C.E. (Assemblée Dominicale en Attente d'une Célébration Eucharistique) ne doivent jamais remplacer l'Eucharistie dominicale. Mais n'y a-t-il pas lieu de les utiliser pendant un temps de transition pour que le changement à venir ne soit pas radical? Il me semble qu'il serait justifiable d'avoir deux adaces dans les églises qui n'auraient pas de célébrations Eucharistiques ce dimanche-là, mais en même temps que les célébrations Eucharistiques des deux autres églises. Cela donnerait le temps de former les gens sur le sens réel de l'Eucharistie et de l'urgence de ne pas la remplacer par une activité para-liturgique. On ne peut pas agir en faisant semblant,  jusqu'à ce que l'on ait sa propre petite messe chez soi! On pourrait se demander si notre histoire de la déportation, aussi triste et injuste soit-elle, n'est pas ce que nous désirons pour notre avenir au niveau religieux. Nous avons droit à notre héritage religieux, mais il ne faut pas se culpabiliser qu'il évolue, surtout pas au point d'en faire une pratique dominicale. Elle n'est  pas la foi à célébrer avec une communauté priante et présente. Les bancs vides ne coûtent pas cher en hosties mais ils ne donnent pas à la quête non plus!
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5 août 2007 7 05 /08 /août /2007 01:09
IlsAuxFoins-02-1--copie-1.jpgEst-ce qu'une église, dans un village ou une ville, peut signifier la même chose qu'un phare dans la nuit? Je me laisse habiter par les articles de journaux que nous avons lus dans notre quotidien acadien sur le patrimoine religieuse. Un historien y dit qu'en Europe, on compte des églises et des chapelles du moyen âge entretenues par les laïcs. Il s'insurge que nous ne soyons pas capables d'en faire autant avec nos lieux de culte.

Le patrimoine religieux est nouveau dans le langage des Acadiens. Pourtant, il faudrait adapter ce nouveau discours à notre réalité. Celle-ci change à vue d'oeil et la foi peut se vivre hors de nos lieux de culte. Surtout à un époque comme la nôtre où on ne sait plus comment établir l'église comme priorité dans nos vies. Les pratiques dominicales obligatoires ne font plus partie de la mentalité des gens. On y va quand cela nous tente, pour des funérailles, un mariage ou un baptême. La canicule l'été et le froid l'hiver deviennent des raisons valables pour faire de la piscine ou se garder au chaud à la maison. On devient aussi pointilleux sur les horaires de messes. Si la messe n'est pas à l'heure qui me convient, je fais autre chose, faute de temps.

Comme pasteur, il ne me revient pas de voir à la sauvegarde du patrimoine religieux. Ma préoccupation première est d'animer le dynamisme mission de la communauté qui se rassemble en communauté priante. Il n'est pas nécessaire de démolir une église parce qu'il y a rarement des célébrations de foi. L'église entretient chez ses disciples un sentiment d'appartenance que l'on ne peut nier. Par contre, on ne peut pas assujettir les énergies du pasteur à des lieux de culte qui ne réussissent pas à satisfaire les efforts de déplacement tant qu'il y a autant de bancs vides.

Le principe du patrimoine religieux c'est d'affirmer que notre histoire acadienne ne se résume pas à la déportation de 1755. Il y eut aussi une époque où la communauté comptait sur l"église comme identité communautaire et comptait sur l'Église pour vivre ses valeurs communautaires. Je ne suis pas en faveur de la démolition des églises, mais il me paraît évident qu'il nous faut une autre manière de célébrer notre foi car nous la vivons autrement.
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3 août 2007 5 03 /08 /août /2007 18:03
image9.jpgL'Acadie-Nouvelle d'aujourd'hui (3 août 2007) titrait en première page: Dossier, Patrimoine en péril. À l'intérieur, deux pages comprenant trois textes démontrent l'avenir douteux de notre Patrimoine religieux. Un premier texte s'intitule Le N.-B. hésite à financer les églises. Le second texte s'intitule Toutes les églises ne pourront être sauvées et finalement le troisième texte s'intitule Se battre pour sauver le patrimoine religieux. Le plus ironique de la chose se trouve à l'endos du magazine Télé-horaire du même tirage où on annonce en pleine page la Campagne Biblique 2007 en terre d'Acadie avec le Pasteur Claude A. Gagnon. Il invite les gens avec une question intéressante: L'Église catholique, est-elle vraiment la seule et vraie source de salut pour votre âme?

J'ai pris la vignette ci-dessus pour exprimer l'expérience de la foi en Église dans le contexte d'aujourd'hui. Comme la mer, la vie a ses hauts et ses bas. Nous sommes dans le creux de la vague et nous voulons atteindre le sommet. Nous percevons en profile le danger qui se cache dans la vague. Que faire? Se soumettre et se contenter du creux de la vague ou osez avec foi, malgré les dangers apparents?

La foi et les croyances ont toujours été des sujets de débats populaires. Des anciens diront qu'ils en parlaient dans les tavernes à l'insu des curés. Aussi longtemps que l'Église ne sera qu'une question de patrimoine, nous ne pourrons jamais nous associer à de tels discours. Nous avons une Église de Pauvres à bâtir. C'est le thème que j'ai développé lors de mon ordination sacerdotale en 2003. De quelle pauvreté s'agit-il?

La première pauvreté que je constate est de savoir côtoyer d'autres manières de dire et vivre sa foi. Cela exigera une ouverture d'esprit sur les différences. Être différent est en soi une source de conflit et de réconciliation. Quelle option privilégierons-nous devant la différence dans le discours?

L'autre pauvreté est la soif de fêter sans célébrer tant on ne fait plus la différence entre ses mots et les maux qu'ils engendrent. En saison estivale, les festivals abondent. On fête des retrouvailles. Quelqu'un me disait récemment, la visite est partie, enfin je peux me reposer! La fête est toujours fatiguante. Combien de gens ont besoin de la semaine pour se remettre de la dernière fête!

Nos célébrations eucharistiques ne sont pas des fêtes populaires. Ce ne sont pas des retrouvailles non plus, puisque tant de gens disent s'y perdre dans le rituel. Il faut dire que nos rassemblements eucharistiques vont plus loin que le fait de partager le même banc à l'église. Elles devraient être la rencontre de missionnaires revenus de mission. A ce titre, l'Eucharistie est la source et le sommet de la vie du baptisé, car la vie du baptisé est foncièrement missionnaire. Là réside notre pauvreté. Là se situe l'Église à bâtir et le patrimoine verra à lui-même.
 Où sont passés nos missionnaires! Est-ce l'Église Catholique qui assure le salut? Non! Mais Elle le célèbre avec ses forces et ses limites. Celui qui assure le Salut est Celui qui rassemble par l'entremise du prêtre qui préside. Il est Celui qui se révèle dans la Parole-Bible, et Il est Celui qui motive les missionnaires à la Mission en Église. Je répète mon affirmation sous forme de question: Nous avons une Église de Pauvres à bâtir, où sont passés ses missionnaires?
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