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7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 15:59
Bad-day-8.jpgCe matin, je me suis réveillé sur un rêve dont l'image ressemble à la vignette ci-dessus. La tête pleine de beaux projets, je me sentais hors de la rampe de lancement. Les sommets à atteindre me semblaient soudainement comme des creux. Qu'avais-je fait de mal? Comment m'en sortir? Pourquoi moi?

Dans mon rêve, je m'étais fait prisonnier par des gens qui parlent ma langue. Tout de noir vêtus, ils devaient m'exécuter. Je serai mangé vif par un chien rebel du type pitbull noir. Moi qui ai une peur morbide des chiens noirs! On m'a enduit d'une substance sensée plaire au chien pour confondre son repas de subsistance. Puis, on m'a couché dans une auge et on m'a couvert de nourriture pour chiens. On y avait mis des épis de blé d'inde m'expliquant que le chien confondra les épis avec mes os. Je sentais ma conscience à mes pieds tant je me voyais couché sur le côté, la tête inclinée, le bras gauche replié comme pour m'en faire une oreiller. En arrière des gens priaient. Puis, je me suis surpris à dire "Saint-Marie, Mère de Dieu, priez-nous pécheurs, maintenant et alors de notre mort!" Et je me suis éveillé sur ces paroles adoptées autrement: "Saint-Marie, Mère de Dieu, prie pour moi, maintenant et à l'heure de ma mort."

D'où vient la culpabilité? L'Église s'en est longtemps servie pour guider, sinon mâter ses ouailles. Mais a-t-elle inventé la culpabilité? Vient-elle toujours des autres? Selon ce que je comprends de mon rêve, la culpabilité est cette substance sensée attirer l'élément dévorateur, alors que le chien comme tel serait l'image émotif des remords liés à la culpabilité et à la peur de Dieu comme l'ultime juge de la vie. Culpabilité et remords ont la même source mais se différencient l'une de l'autre par leur manière de se vivre. La culpabilité est comme une odeur que l'on traîne avec soi et le remords est cette morsure qui arrache le morceau jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de morceaux, qui blesse jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de vie. La culpabilité est immédiate et le remords est de longue date.

On dit souvent que l'Église joue sur la culpabilité et les remords pour maintenir un certain monopole sur une manière de vivre. C'est le vestige d'une vieille manière de dire les choses qui ne tient pas compte de l'évolution du discours de Dieu. Il existe maintenant une théologie de la psychologie, c'est-à-dire qui tient compte du comportement humain et de son mode d'apprentissage, comme il y a maintenant une théologie sociale (un discours de Dieu dans les rapports humains). C'est de là qu'est venu l'image d'un saint Pierre comptable qui a accès à au registre de notre vie personnelle et secrète. Il serait censé comptabiliser les bonnes et les mauvaises actions et le jugement suivrait selon si le total tombe dans le positif ou le négatif après l'addition.

Mais cette manière de faire était autant populaire que religieux. "On verra bien s'il fera encore son jar dans la vallée de Josaphat" disait le père Chevron, ce forgeron de la série télévisée Les Belles Histoires des Pays d'en Haut de Claude-Henri Grignon. Cette série portait aussi le nom de "Séraphin" et dans le magazine Le Bulletin des Agriculteurs, on en a fait une rubrique pendant des décennies qui s'intitulait "Une Homme et son Péché". La vengeance de Dieu était le seul recours pour les victimes de ceux et celles qui exerçaient une force usurpatrice sur les plus faibles. Dieu aimant les petits et les plus faibles, Il devait les venger au dernier jour. Mais à l'époque, les petits et les faibles constituaient la majorité de la société, alors que ceux qui réussissaient au détriment des autres ne constituaient qu'une petite élite de la population.

Malgré cela, ce souvenir est encore bien ancré de la mémoire collective et l'Église en est encore la grande fautive. Pour trop de gens, le mot ÉGLISE est encore synonyme de "culpabilité". Mais l'origine de la culpabilité et des remords viennent des profondeur de l'homme. Seraient-ce les vestiges du péché originel dont le baptême était censé effacer la trace? Serait-ce donc un baptême mal vécu parce que mal compris?

Pourquoi me réveiller sur cette portion de prière que nous récitons à toutes les neuvaines faites en groupe ou personnellement? Nous commençons aujourd'hui la neuvaine qui conduira à la belle fête de l'Assomption. Ce dogme où Marie, la Mère de Dieu, si Jésus est Dieu, est entrée au Ciel avec son corps et son âme. Qu'est-ce à dire?

Ce dogme est à l'image du pardon de Dieu pleinement vécu et accepté par l'homme. Marie est entrée intacte au Ciel, sans culpabilité ni remords. On faisait en elle la distinction entre les maux de son Peuple et son intégrité à elle. Elle était consciente de son don à l'humanité par son Fils Jésus et elle n'en regrettait rien. Par le don de l'Esprit Saint, nous portons Jésus-Ressuscité en nous. En faisons-nous don à l'humanité? Ou, ne s'était-ce que pour notre petit salut personnel? C'est une question de conscience partagée entre la culpabilité, le remords et le pardon. 

La culpabilité est innée car elle reflète l'idéal que nous nous faisons du bonheur, de la réussite, de l'accomplissement du soi et la fécondité de notre passage en ce monde. Ces éléments de la Volonté de Dieu pour soi ne sont jamais ce que nous pensons qu'ils devraient être en réalité. Je pense qu'elle est là notre culpabilité; je ne sens pas heureux comme ce que les autres disent du bonheur, ma réussite n'est pas comme celle des autres, je n'accomplie rien comme les autres, ma fécondité ne me rend pas aussi populaire que les autres. Le remords est l'opposé du pardon. Le remords, c'est de ne pas se pardonner de ne pas être comme les autres.

En fin du compte, mon rêve est salutaire. Le chien censé me dévorer est l'image que je me fais d'un Dieu apeurant parce qu'Inconnu et de son pardon inaccessible parce qu'incompris. Moi qui croyais qu'il me confondrait avec ce que l'on dit de moi de sorte qu'il me broie les os comme un épi de blé d'inde. Mais si, dans la réalité de Dieu, il ne faisait que me libérer de la sauce dont on dit que je suis fait. L'odeur de sainteté que l'Église reconnaît n'est rien d'autre que la senteur du pardon en Dieu dans l'existence d'un homme. 

On ne saurait jamais les valeurs hygiéniques du savon si l'on ne se donnait pas la grâce, de temps en temps, de se salir les mains. On n'a pas à se sentir  coupable d'avoir les mains sales à l'occasion, c'est grâce à elles que d'autres contemplent nos jardins de fleurs et potagers. Les chiens ne sont pas tous voraces et Dieu n'est pas vengeur. C'est une méconnaissance que nous sommes sensés confronter durant cette neuvaine qui nous conduira à l'Assomption de celle qui a fait la distinction entre ce qu'elle est et ce que son Peuple disait d'elle, entre ce qu'elle est comme Mère-Vierge et ce qu'elle fait comme son don à l'humanité par Jésus. Qu'en est-il de nous, sans culpabilité et sans remords?
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