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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 16:52

 

L’avenir ne peut pas ressembler au passé. Ce serait vouloir récupérer son histoire en répétant les événements qui l’ont marquée. Les souffrances qui en découlent engendrent alors une série de frustrations toute aussi nuisibles les unes que les autres. Il est donc essentiel d’apprendre à tourner la page sans tenter de comprendre l’insaisissable. Pourquoi tel événement, à une telle époque avec telles personnes? L’énergie investie à vouloir encadrer un contexte révolu ne peut, en même temps, servir à préparer son avenir. Il y a des choix incontournables et ceux-ci déterminent si les efforts engagés sont des actions pour bâtir son avenir ou des réactions pour guérir son passé.

Cette réflexion fait suite à une série américaine sur le réseau A&E concernant la famille Jackson, la dynastie familiale. J’essaie de comprendre comment une série si bien rodée occupe autant d’espace d’antenne depuis la mort de Michael Jackson en juin 2009.  Cette dynastie était tombée dans l’oubli à cause de la popularité du «Roi de la Pop.» Je ne minimise pas l’influence de Michael Jackson sur toute une génération. Je tente de comprendre pourquoi la famille a peur de tomber dans l’oubli.

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 20:33

J’ai parlé du séisme en Haïti lors des homélies de fin de semaine. Je parlais de la générosité des Canadiens morts dans le séisme. Ils étaient là pour aider. Ils ont payé le prix ultime du service gratuit. Après l’une des messes dominicales, une personne qui a fait un stage en Haïti me disait comment les Canadiens n’ont pas le sens du partage. Elle n’a pas saisi mon intervention.

Je reconnais que l’on ne changerait pas notre style de vie afin de favoriser le partage avec les moins nantis de nos communautés chrétiennes. Nous avons été généreux lors de la guignolée du temps des fêtes. Mais ce temps est passé et nous sommes revenus rapidement à nos vieilles habitudes. Ceux qui ont profité de notre générosité saisonnières ont encore faim et froid. Ils ont étiré leur panier de Noël au maximum.

L’opulence engendre le confort que l’on n’est pas prêt à sacrifier. Cela crée les différences avec les autres qui nous ressemblent et que nous côtoyons. Nous avons encore beaucoup d’eau à changer en vin pour les joies de ceux qui souffrent d’une différence qu’on leur impose. Il ne faut jamais se fatiguer à faire le bien et ce faisant, participer aux bonheurs des autres. Les vrais gestes de gratuité envers Haïti commenceront probablement quand les médias n'y seront plus pour en témoigner sur toute la terre. Puissions-nous ne jamais oublier ceux qu'on ne reverra plus car ils étaient partis pour aider en toute discrétion. Un séisme est survenu et ils n'en reviendront pas pour nous en parler.

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 16:26

En réactivant mon carnet personnel avez over blog, il me paraît honnête d’y ajuster certaines informations pour le bénéfice des lecteurs qui fréquentent ce site.

Depuis juillet 2008, j’œuvre dans un autre diocèse que celui qui m’a ordonné prêtre en 2003. Après un épisode assez mouvementé, la providence a fait en sorte que l’évêque de Chicoutimi m’offre de faire du ministère dans son diocèse. Pour guider mes pas dans la volonté de Dieu, j’ai alors demandé à mon ancien responsable de formation chez les capucins d’agir comme accompagnateur spirituel. Me voyant récupérer très vite le sens de ma mission en tant que prêtre, j’ai demandé un temps d’arrêt pour une retraite privée accompagnée afin de faire le point sur mon expérience de foi en Dieu et de pastorale en Église. C’est alors que j’ai réalisé une transformation en profondeur chez moi. Cette nouvelle expérience dans un autre milieu m’a fait réaliser l’importance d’ajuster mon engagement en Église à partir de mes charismes particuliers. J’ai donc signifié à mon accompagnateur spirituel mon désir de ne plus revenir à mon diocèse d’origine. Confirmé par ce dernier, j’en ai informé l’évêque de Chicoutimi qui m’a demandé de communiquer l’information à mon évêque d’origine.

J’ai rencontré mon évêque d’origine en juin 2009. La rencontre a été fraternelle, cordiale et amicale. De toute évidence, le diocèse de Chicoutimi m’offre un champ pastoral qui n’est pas possible à Bathurst. Il a donc été convenu que je sois cédé à cette portion d’Église du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le changement d’incardination doit toutefois suivre le parcours établi par l’Assemblée des Évêques Catholiques du Québec qui prévoit une période transitoire de cinq ans. Il ne faut pas se surprendre que l’on n’annonce pas encore le changement définitif de diocèse. Ce changement ne sera effectif qu’en 2013. Je ne dénonce rien à l’avance. Je ne fais qu’annoncer un processus en cours. C’est comme la femme enceinte qui annonce une naissance à venir. Ce n’est pas encore le temps de marchander sa première automobile!

Ce changement de cap est significatif. Ayant hérité de ma mère le sens du devoir, j’ai toujours tenté de sacrifier mes charismes humanitaires et prophétiques aux besoins de milieu. En changeant de milieu, je me suis obligé à une plus grande transparence par rapport à mes dons issus de mon baptême pour la gloire de Dieu et le salut du monde en Église. Le décor missionnaire ayant changé de perspective, j’y trouve mon bonheur à témoigner de ma joie de vivre.

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 15:41

 

Faut-il toujours que le pire dans le monde survienne pour que le meilleur de l’homme émerge? Comme tous mes concitoyens de la planète, le séisme qui frappe Haïti éveille en moi une vague de compassion digne d’un tsunami émotif. Faut-il autant de souffrance indicible pour ranimer la générosité de l’humanité? L’univers est un terrain de jeux pour ceux qui voyagent. J’ai connu un confrère haïtien en 2007 alors que j’étais de passage à Québec. Il me parlait de son pays avec amour. Je m’inquiète de son sort depuis que je sais que son archevêque est mort dans le séisme.

Certains demandent avec véhémence : «Où donc est Dieu dans de tels événements?» Il faut s’ouvrir les yeux et regarder les infos. Il est dans ces mouvements de masses dont la générosité est incontestable. Ma question s’adresse d’abord à l’humanité. Où étais-tu avant le séisme? On dit qu’il y a 1,411 canadiens qui manquent à l’appel. Ce sont autant de signes de Dieu dans l’anonymat des gens qui donnent temps, énergie et compassion pour aider un peuple qui n’a plus les moyens de retourner le balancier pour les services rendus. Pourtant, Haïti a déjà été un pays riche et prospère dans des pages d’histoire que l’on a oublié d’écrire. Il a été exploité à outrance mais son peuple a su garder sa dignité. Le geste humanitaire international n’est qu’une reconnaissance qui va de soi. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour entretenir chez ce peuple de foi et de courage la dignité de la race humaine. Dans de telles catastrophes, il n’y a qu’une religion qui tienne la route, celle du cœur et du partage.

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 04:24

L'Évangéliste Jean dit des noces de Cana que c'est le premier signe que Jésus réalise auprès des siens. Quels sont les autres signes et ces derniers sont-ils reliés à cette phrase mystérieuse qu'il adresse à sa mère: «Femme, que me veux-tu? Mon heure n'est pas encore arrivé.»?

Un peu sous le signe de la trinité, l'épisode des noces de Cana est directement relié à celui de la dernière cène et à celui de la crucifixion. C'est comme une trilogie qui explique la réplique «Mon heure n'est pas encore arrivé.»

Au noces de Cana, Jésus change l'eau en vin. À la dernière cène, Jésus dit en prenant la coupe de vin: «Prenez et buvez en tous. Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance...» Il change donc le vin (de Cana) en son sang. Et sur la croix, selon saint Jean, on lui perce le côté pour voir s'il est vraiment mort. Il en sort du sang et de l'eau. Le cycle est complet. À Cana, Jésus change l'eau en vin, à la dernière il change le vin en son sang et sur la croix, son sang redevient de l'eau comme pour signifier que les Apôtres, en tant qu'Église, doivent poursuivre le cycle de la vie mystique.

Dans ce contexte, la réplique de Jésus à sa mère se comprend mieux. Il n'était pas prêt à instituer l'Eucharistie de la dernière cène et encore moins à souffrir le supplice de la croix.

L'eau des noces de Cana constitue l'eau du baptême de Jean. Jésus fait donc de notre baptême une source de joie puisque c'est ainsi que nous considérons le sens du vin. C'est au coeur des joies de notre baptême que Jésus en fait son sang comme source de la vie. En effet, le sang assure la vie au corps humain.

En méditant ces paroles de vie à partir des évangiles, il y a un peu de nous-mêmes dans le récits bibliques.

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 04:05

Bonjour Cousin Dan,

 

            J’ai rencontré Dieu « façon de parler », il y a seulement 3 semaines. Alors je suis nouvellement croyante et pratiquante.  Vous comprendrez que je me pose plusieurs questions.   

            Dans votre 1er article de l’édition des mois juillet-août, la phrase suivante me surprend : Ma spiritualité s’inspire à plusieurs sources (…) Que voulez-vous dire par « plusieurs sources » ? Je vous remercie à l’avance, du temps que vous prendrez pour me répondre.   Au plaisir de vous lire dans la prochaine édition.

Nancy

 

Chère cousine Nancy,

            La rencontre de Dieu est plus qu’une «façon de parler.» C’est l’expérience fondamentale qui change les perspectives sur la vie et stimule les engagements au nom de sa foi. C’est la sève qui nourrit l’arbre et assainit l’atmosphère sociale et psychologique. C’est plus qu’une question de feeling comme le disait une chanson populaire. Plutôt que d’énoncer des théories sur la spiritualité, je préfère chercher dans ma vie une réponse plus précise. Saint Augustin a écrit dans ses confessions : «Je t’ai cherché en dehors de moi alors que tu m’attendais en dedans de moi.»  Si on regardait cela de plus près, ma chère cousine.

Les sources d’apprentissage

            La vie est une école sans grade et sans diplôme telle une grande aventure dont on ne s’en sort pas vivant. L’existence repose sur un trépied que nous avons, chacun pour soi, le devoir de solidifier pour se garder en équilibre. Il y a les verbes savoir, comprendre et croire. Ils ne sont pas synonymes, ma chère Nancy. Le savoir appartient au monde intellectuel, alors que le verbe comprendre appartient au monde psychologique et que le verbe croire appartient au domaine de la foi. Le manque de savoir engendre l’ignorance, le manque de compréhension engendre le syndrome de la victimisation alors que le manque de foi engendre le cynisme. C’est le vide spirituel dont parlait le Cardinal Ouellet à la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Il n’existe pas des humains ou des choses qui peuvent combler le besoin de croire. On peut croire en ce que l’on sait ou en ce que l’on comprend, mais on risque d’oublier qu’on ne sait pas tout et malgré ses meilleures intentions, on ne comprend pas tout. Seul Dieu peut combler le besoin de croire. Il est primordial de se donner des moments de rencontre avec Lui pour ne pas manquer les précieux rendez-vous.

L’Esprit de Dieu dans le monde.

            La rencontre de Dieu n’est pas sans conséquences. Elle engendre une rencontre avec soi et, si on laisse Dieu agir en nos vies, elle dirige nos rencontres avec les autres. Comme le disait un sage rencontré à Pointe-Verte, une communauté chrétienne où j’ai œuvré comme diacre, il y a une question de fond qui ne se répond jamais. C’est une question sans réponse avec laquelle il faut apprendre à vivre.  Malgré tout ce qu’il savait et ce qu’il comprenait, François d’Assise est mort avec une question fondamentale : «Mon Dieu, qui es-tu et qui suis-je?» Seul Dieu peut répondre à cette question. En ce sens, la mort est une rencontre au-delà de ce que l’on sait et de ce que l’on comprend. On s’y prépare dans notre manière de vivre avec les autres. Tout devient source de spiritualité quand cela nous permet de rencontrer le Dieu qui permet la rencontre de soi et des autres comme complices de la vie et de l’amour qui l’anime.

Questions de curiosité.

            J’ai toujours été curieux par nature. Cela m’a amené à voir la vie comme une aventure. Sincèrement, j’accepte que je ne m’en sortirai pas vivant! Pour moi, la vie repose sur une perspective que les questions encadrent. Comme la plupart des gens, la mort constitue ma plus grande curiosité. J’avais dix ans quand j’ai eu mon premier contact avec celle de mon grand père maternel. J’ai vu son corps dans le cercueil et je savais que ce n’était plus le grand papa que j’aimais. J’ai demandé à ma mère où il était et elle m’a dit : «Il est avec le petit Jésus.» J’étais heureux qu’il ne soit pas seul, mais cela ne me disait pas où il était. Deux mois plus tard, deux jeunes de mon âge se faisaient faucher par un chauffard. J’ai alors réalisé que la vie est bien fragile et que la mort n’est qu’une question de temps qu’on ne choisit pas. J’avais 13 ou 14 ans quand je me suis fait ami avec un homme de 89 ans. Il résidait là où ma mère travaillait. Un jour, je lui ai demandé quand est-ce que je saurais tout de la vie. Il me répondit du tact au tact : «Quand tu sauras que tu ne sais rien.» Plus tard, il m’a expliqué : «J’ai déjà été enfant. Et quand j’ai eu assez d’expérience pour bien vivre mon enfance, j’étais un jeune homme. Quand j’ai eu assez d’expérience pour savoir vivre ma jeunesse, j’étais marié avec des enfants. Quand j’ai su ce que c’était que d’être père, mes enfants étaient partis. Maintenant que j’ai assez d’expérience pour savoir ce qu’est la vie, je dois me préparer à mourir.» C’est là que j’ai appris, ma chère cousine, qu’il me fallait vivre avec mes questions comme des guides dans la vie. C’est aussi avec ce sage que j’ai fait la rencontre d’un Dieu qui m’a révélé ma mission dans la vie. Un dimanche qu’il faisait beau, j’avais hâte de promener mon ami dehors dans sa chaise roulante. À ma surprise, il était encore couché avec les rideaux fermés. Il m’a expliqué qu’il regardait sa chambre et il savait, à partir de son expérience de charpentier, comment les ouvriers s’y étaient pris pour réussir un si beau travail. Puis il me dit : «Mais il y a au pied de mon lit un étranger qui m’a suivi toute ma vie alors que j’ai passé ma vie à le fuir. Je vais quitter ce monde avec lui et je ne le connais même pas.» J’ai regardé au pied de son lit et j’ai vu sa commode à linge surmontée d’un grand miroir. Il était face à lui-même comme devant un étranger. Il est mort quelques semaines plus tard, seul avec cet inconnu alors que ses enfants lui tenaient la main. J’ai compris que ma mission était de m’apprivoiser comme un cadeau de Dieu à moi-même pour vivre avec les autres afin que je ne meure pas seul. C’est avec ce que je suis que je vivrai mon éternité en présence de Dieu.

Différentes sources de spiritualité.

            Si tu peux saisir cela, ma chère Nancy, les sources de spiritualité ne manqueront pas tant tu sauras à quoi elles servent. Je n’étalerai pas la panoplie des mouvements et organismes auxquels j’ai participé car je préfère te laisser choisir ceux qui te conviennent selon tes besoins spirituels. On n’invente pas Dieu, ma chère cousine, seulement les mots qui le définissent dans l’expérience qu’on en fait. Bienvenue dans le monde des croyant(e)s et surtout, prends ton temps pour répondre à tes questions. Elles te guideront dans la vie et elles nourriront ta prière.

Cousin Dan

danilec1@yahoo.ca

 

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 04:02

Salut cousin Dan.

Tu m’excuseras de prendre la place d’un autre membre de notre grande famille, mais il y cette nouvelle de l’accusation de l’évêque d’Antigonish qui est survenue, et j’aimerais qu’on en parle ensemble le plus rapidement possible. C’est chaque fois la même chose : comme croyant, ça me bouleverse, et comme humain, ça me consterne. Si de tels scandales continuent de se produire, pourra-t-on encore croire longtemps que les membres du clergé sont de vrais disciples du Christ?

Cousin Vic

Cher cousin Vic,

Le scandale qui frappe le diocèse d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse, éclabousse l’ensemble de l’Église canadienne. Serait-ce le scandale qui ouvrira les portes de l’Église vers sa mission première? Il faut se garder de généraliser, mais nous nous devons de nous laisser interpeller, encore une fois, par ce triste événement.

 

La société forme un tout, tel un tricot tricoté serré avec différentes sortes de laine. De nombreux acteurs forment aujourd’hui l’opinion publique : les sociologues, les psychologues et d’autres spécialistes y prennent part, comme l’Église qui y présente les valeurs évangéliques. Aujourd’hui, l’Église se doit d’écouter l’ensemble des acteurs de notre société, pour trouver une solution à cette épineuse question.

 

Qu’en pensent ceux qui voient les choses de l’extérieur? Ces croyants aiment notre Église autant que nous qui y travaillons de l’intérieur. Je te partage la réflexion d’un ami qui est travailleur social dans la Péninsule acadienne. Il suit la situation de près et dans un long courriel, il me dit : « Je crois personnellement que l’on peut s’attendre à d’autres incidents du genre. Les gens d’Église sont surchargés et, à un moment donné, le mécanisme d’adaptation au stress n’en peut plus et quelque chose casse.

Ça fait penser aux incidents de Claude Charron et du député NPD Svend Robinson qui ont tous deux subtilisé des objets (qu’ils auraient pu payer) à un moment où la pression était trop intense. J’ai connu également un haut-fonctionnaire dont la vie a commencé à déraper à cause d’un surcroît de stress dans sa vie personnelle et professionnelle, et il a commis des abus sexuels. Cela m’a beaucoup fait de peine parce qu’on a tout oublié de ce qu’il avait fait de bien.

Ça ne les excuse pas. On a tous l’obligation de nous arrêter quand on sent qu’on dérape. On ne doit pas aller jusqu’au bord du précipice. Les gens qui performent beaucoup, qui sont beaucoup sollicités et qu’on monte sur des piédestaux, sont particulièrement à risque. Leur résistance s’amincit et, à un moment d’extrême tension intérieure, ils peuvent facilement flancher. »

 

L’Église proclame la double nature du Christ : vrai Dieu et vrai homme. Pour être un vrai chrétien, il faut d’abord être pleinement homme ou femme. Spiritualiser un problème ne fait que l’augmenter. Il faut accepter de le travailler au plan humain, si l’on veut vraiment que Dieu nous aide à le guérir. Sainte Thérèse d’Avila ne disait-elle pas qu’il faut prier comme si tout dépendait de Dieu et agir comme si tout dépendait de soi ?

Et toi, qu’en penses-tu, Vic?

 

Mon cher Dan, la frontière entre le bien et le mal traverse le cœur de chaque être humain, a dit saint François de Sales. Tous, nous sommes pécheurs et nous devons affronter le même défi de choisir le bien dans notre vie et de rejeter le mal. Ce n’est pas facile et ce n’est pas parce qu’on devient prêtre, religieux ou même évêque, que ce défi n’est plus le nôtre. Au contraire, ce défi n’en devient que plus grand, parce que nous avons promis d’être des modèles pour les autres et que, être faibles, nous voulons annoncer l’amour infini du Sauveur.

 

Quelle que soit la situation, il y a un fait à établir clairement : un tel délit se doit d’être dévoilé, même si une telle information renforce une image de l’Église déjà bien détériorée dans nos médias et que ça détruit, en un instant, des années d’efforts.

 

Pourquoi le Seigneur permet-il que de tels scandales arrivent? Je me suis souvent posé cette question et j’en suis arrivé à croire que le Seigneur veut que son Église, qui était en notre pays bien installée et embourgeoisée, disons-le franchement, devienne petite et pauvre… C’est d’une telle Église, dont le Christ a besoin pour construire l’avenir. Une Église qui accepte de marcher humblement. Nous avons encore bien du chemin à faire sur cette route…

 

Enfin, je pense que la prière est encore notre meilleur soutien. À condition que notre prière nous ancre dans le réel. Prier pour toutes les personnes blessées dans une telle affaire… les enfants… prier pour notre Église et nos évêques… et prier pour nous-mêmes. Que le Seigneur nous donne l’humilité de travailler à guérir nos propres blessures. Car, comme le dit si bellement le refrain d’un gospel américain : Ce n’est pas mon père, ce n’est pas ma mère, ce n’est pas ma sœur, ce n’est pas mon frère, c’est moi, Seigneur, c’est moi, qui ai besoin de prières!

 

Cher cousin Vic, je fais miennes les paroles de ce gospel américain. La situation est éprouvante pour tous. Je m’associe aussi à Allain Crevier, animateur de l’émission Second Regard, qui disait dans une entrevue à RDI qu’il faut aborder la question de la sexualité dans son ensemble pour mieux comprendre le sens du célibat exigé des prêtres, religieux/religieuses et des évêques.

 

Je ne me cite pas en exemple et je ne veux surtout pas comparer les manières de faire selon les pays. Quand j’ai vécu mon noviciat au Kansas, j’ai eu à écrire mon histoire sexuelle, à partir de ses premières manifestations jusqu’au jour où j’ai choisi le célibat comme mode de vie. Les trois semaines de cours sur la sexualité, qui ont suivi, ont été signifiantes. J’ai été en mesure d’atterrir ces théories dans mon expérience de vie. Cela m’a donné des outils importants pour assumer le choix libre et consenti du jour de mon ordination. Ces outils sont encore d’actualité et je dois m’y référer en tout temps, si je veux être digne de l’engagement que j’ai pris.

 

Je termine avec cette phrase d’un sage qui savait à peine écrire : « Si tu n’es pas assez intelligent pour douter, ta foi ne peut pas être intelligente. » Ne laissons pas ce scandale anéantir notre foi, mon cher Vic, même s’il peut nous faire douter de notre engagement. Au contraire, faisons qu’il nous amène à renouveler notre attachement à la personne du Christ. Nous avons une Église de pauvres à bâtir et celle-ci ressuscitera de sa misère. L’espérance dont nous avons besoin est plus puissante que les difficultés présentes que nous subissons. Restons unis en Dieu et ce, mon cher cousin, malgré tout ce qui pourrait nous diviser en ce monde. Union de prières!

 

Cousin Dan

danilec1@yahoo.ca

 

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 03:59

Cher cousin Dan,

Le sacrement du pardon me donne de la misère. À cause de mon histoire passée, je trouve que c’est comme un tribunal. J’ai beaucoup de difficulté à faire confiance en un homme qui est faible comme moi. Qu’en pensez-vous? Cousine Michelle

 

Chère cousine Michelle,

Tu abordes une question épineuse. J’ai même l’impression que c’est là le cœur de la foi catholique. Je crains que je ne pourrai pas couvrir tous les aspects sous-entendus dans ta question dans cette chronique. Je vais donc proposer un jet de réflexion et, à partir de là, tu peux me revenir sur certains détails. J’invite tous les lecteurs à en faire autant.

 

Un sacrement incompris

J’ai envie de te faire une confidence digne d’une confession. Moi aussi, j’ai de la misère avec ce sacrement, en tant que confesseur! Que de fois j’entends : « J’ai reçu l’absolution et j’ai fait ma pénitence. » Ouf! J’ai hâte d’entendre : « J’ai reçu l’absolution et j’ai fait mon action de grâce. » Entre cousin et cousine, peux-tu m’aider à faire comprendre que j’aime les pécheurs pardonnés parce qu’ils me ressemblent et qu’il y a là un motif sérieux pour célébrer l’Eucharistie? Si je n’étais pas moi-même pécheur, comment comprendrais-je la souffrance des gens qui viennent à moi?

 

Un sacrement qui a de l’histoire

Il y a eu une époque, ma chère Michelle, où l’Église régissait en même temps la vie sociale et spirituelle avec rigidité. Victor Hugo en parle dans son roman historique Notre-Dame de Paris. Les gens se confessaient uniquement à l’évêque et la pénitence était exécutée en public. Le genre de péché alors confessé s’appelle aujourd’hui un crime. Les tribunaux et les prisons assument maintenant la responsabilité sociale de les punir. Peut-être est-ce pour cela que nos confessionnaux en sont venus à ressembler à des tribunaux? Je ne veux pas juger mes prédécesseurs, ni la manière de faire qui a marqué notre histoire chrétienne. Il faut toutefois avouer que l’évolution des sciences humaines que nous connaissons aujourd’hui nous aide à retrouver le vrai sens du sacrement du pardon.

 

Un geste humain essentiel

Il y a des pardons humains tellement beaux à voir que j’en perds mon latin, que je n’ai pas appris. Je pense à ce fils qui visitait sa mère atteinte de cancer. Je voulais les laisser seuls, mais c’est lui qui a insisté pour que je reste. Il lui a demandé pardon pour tous les mauvais tours qu’il a joués dans son enfance. La mère de répondre : « Pauvre enfant! Dès que j’ai su que c’était toi, je t’ai pardonné. Je ne voulais pas te le dire pour que tu penses à ton affaire et que tu ajustes ta manière de faire. » Le Dieu du sacrement du pardon, ma chère Michelle, est un Père avec un cœur de Mère. Et s’Il était autrement, je le remplacerais par ma mère qui m’a pardonné plus d’une fois sans que je le sache.

 

Une expérience qui libère à tous les niveaux

Depuis que je suis prêtre, je ne lis plus ce passage de saint Jean de la même manière : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, il leur seront remis; ceux à qui vous les maintiendrez, ils leur seront maintenus.» (Jean 20. 22-23). J’y vois maintenant une grande responsabilité du prêtre devant Dieu, qui l’a appelé à devenir signe de son amour et de son pardon. C’est par l’Esprit Saint, que le confesseur devient signe de Dieu pour que l’individu passe de l’état de pénitent à l’état de pardonné. Sans ce signe sensible, le pécheur demeure comme ce fils pardonné par sa mère sans le savoir. S’il n’y avait pas eu cette rencontre, il n’aurait jamais su qu’il était aimé au-delà de sa faute. Mais grâce à cette rencontre, sa vie est transformée. Il peut maintenant penser à sa mère sans regret ni remords. Qu’en est-il quand cela vient de Dieu? Cela dépend du signe que nous accordons au ministère du prêtre.

 

Savoir discerner l’essentiel

Il faut faire la différence entre culpabilité et responsabilité. Nous ne sommes pas coupables de tout ce qui va mal dans le monde, mais nous y avons tous une part, une responsabilité. Si nous ne faisons pas cette distinction, ma chère cousine, le sentiment de culpabilité qui s’ensuit prend des proportions surprenantes : il accroît le mal.

 

En regardant de plus près la première expérience humaine du péché, celle d’Adam et Ève, nous pouvons saisir que la culpabilité fait partie de la nature humaine. Nous avons tous ce réflexe de blâmer les autres pour ce qui va mal, comme Adam qui renvoya la faute sur Ève, et Ève sur le serpent. Il n’est jamais facile d’assumer les conséquences de ses gestes, surtout quand ces derniers n’expriment pas ce que nous sommes profondément. Il y a donc une humilité nécessaire pour accepter sa participation au mystère du mal. Cette humilité seule nous délivre d’une culpabilité qui ne fait qu’augmenter la puissance du mal en nous. Cette humilité seule nous permet de nous tourner vers Dieu pour lui demander sa force dans le sacrement du pardon.

 

Recevez l’Esprit Saint… pour devenir responsables

Je crois aux démarches communautaires du pardon et je pense qu’il ne faudrait pas les bannir. Le fait que l’on se reconnaisse pécheur parmi d’autres apporte une forme de solidarité. Mais est-ce suffisant pour cimenter les liens qui assurent une véritable fraternité? Il faut admettre, ma chère cousine, que, sous prétexte que nous avons des droits et des libertés, nous oublions que nous avons aussi des devoirs et des responsabilités face à la société civile et religieuse. La confession individuelle situe la personne dans sa part de responsabilité, sans pour autant lui faire prendre le blâme pour tout ce qui va mal. J’ai déjà donné des absolutions collectives pour des motifs pastoraux valables. Mais cela ne ressemble en rien à ce que je vis actuellement dans le secret d’un confessionnal. Je perçois mieux, à la fois notre responsabilité commune et le besoin de libération individuelle, des deux côtés du confessionnal.

 

Un souffle nouveau dans un geste ancien

Le pouvoir de pardonner au nom de Dieu a été conféré aux Apôtres avant l’institution de l’Eucharistie. Ce devrait être là un des premiers motifs de rendre grâce lors de nos célébrations eucharistiques. Nous sommes à l’ère de l’écologie et du recyclage, ma chère Michelle. Y a-t-il un meilleur exemple de recyclage que le sacrement du pardon? La personne humaine est-elle jetable ou recyclable après avoir commis le mal? S’il y a un sacrement que le Seigneur a institué pour exprimer l’infini de sa miséricorde, c’est bien celui-là. Tu cherches à trouver le chemin qui te fera connaître toute la force de l’amour de Dieu pour toi, je crois que cela commence par le pardon privé.

Qu’en penses-tu?

Cousin Dan

danilec1@yahoo.ca

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 03:56

Cher cousin Dan,

L’affaire de l’avortement d’une petite fille au Brésil nous montre que l’Église est méchante. Elle est dirigée par des hommes depuis 2000 ans. Les femmes n’ont pas d’affaire là-dedans. Les femmes ne devraient plus mettre les pieds dans une église pour contester de telles condamnations. Cousine Victorine

 

Chère cousine Victorine,

J’ai choisi ta question parmi d’autres tant le sujet a été d’actualité. Tu me permettras une note personnelle. Quand la nouvelle a fait la manchette, j’ai sauté à en croire que le tonnerre était tombé dans mon téléviseur. Les informations nous rapportaient qu’un évêque brésilien avait excommunié de manière formelle une enfant de 9 ans, tombée enceinte de son beau-père, et sa mère qui avaient dû recourir à l’avortement, et ne portait aucune condamnation envers le violeur. L’Église apparaissant sans cœur dans ce jugement. Je te ménage les mots qui ont nourri mon vocabulaire du moment. Mais grâce à l’Internet, la réaction des autres évêques n’a pas tardé. J’ai en mémoire cette sortie d’un évêque de France qui s’est dit fortement contrarié dans sa mission d’Église tant il doit contredire un confrère dont il doit être solidaire.

 

Une vague médiatique orchestrée

Pour ce que je comprends maintenant de l’affaire, avec le recul, il y a eu malveillance en vue d’une vague médiatique pour dénigrer l’Église à grande échelle. Faut-il revoir l’éthique des médias dans de telles circonstances, compte tenu que la nouvelle se propage plus vite aujourd’hui qu’il y a 30 ans? Je laisse la réponse à d’autres. Toutefois, tu me permettras deux questions qui me chatouillent, ma chère Victorine. Comment se fait-il qu’une erreur de jugement d’un évêque du Brésil passe plus vite sur nos réseaux d’information que la sagesse de nos évêques canadiens solidaires de nos réalités quotidiennes? Et comment se fait-il que, lorsque nous lisons le texte original, avant d’être commenté dans les médias, nous n’avons pas l’impression de lire la même histoire?

 

J’aime croire qu’il y a de bons journalistes soucieux des intérêts des gens et appliqués à respecter la conscience de ceux qui les regardent à la télé, les lisent dans les journaux ou les écoutent à la radio. Mais malheureusement, le non verbal des uns ou le ton de voix des autres en disent plus que les paroles prononcées. C’est une manière bien connue de manipuler non seulement l’information mais aussi la manière de la comprendre.

 

L’Église à laquelle je crois

Je crois en une Église à l’image de ce peuple de Dieu en marche dans le désert des incertitudes et des remises en question au cœur d’un monde en recherche. La femme y a sa place et celle-ci est prépondérante dans la spiritualité qui anime cette Église. Car sans Dieu et sans la spiritualité qui ouvre à l’expérience de la foi, l’Église comme structure sociale ne serait qu’un parti politique religieux dont la morale aurait force de loi. Et là, ma chère Victorine, je sortirais de cette Église avec toi, tant j’ai besoin d’une expérience de foi qui m’aide à célébrer avec d’autres dans la communion et l’unité.

 

On ne peut pas nier, ma chère Victorine, que l’Église soit habitée d’un héritage patriarcal. Que celle-ci soit dirigée par des hommes importe peu à mon avis : c’est d’abord l’Église de Jésus Christ et c’est Lui le premier maître à bord. Cette Église reconnaît que les femmes saintes comme Sara, Rébecca, Rachel, Myriam, Déborah, Anne, Judith et Esther ont conservé vivante l’espérance du salut d’Israël en attente du Messie. Qu’en est-il aujourd’hui?

 

Je crois que non seulement les femmes doivent garder les pieds dans cette Église en marche, mais qu’elles doivent aussi y mettre leur cœur de femmes porteuses de vie, d’espérance et de foi. L’Église englobe bien des cultures dont on ne comprend pas toujours les rouages parce qu’elles ne voient pas les relations hommes/femmes comme ici. C’est pourquoi, il est si important que des femmes de grande foi aident l’humanité entière à avancer sur les chemins du respect et de l’égalité.

 

L’Église ne se limite pas à ceux qui ont accès aux ministères ordonnés. Le baptême constitue le sacrement premier et place sur une même égalité, aux yeux de Dieu, tous ses enfants. Chaque baptisé y a sa vocation à même sa nature humaine et sa mission l’inscrit à même son existence. C’est le sens de l’eau avec laquelle nous baptisons. L’eau vivifie la nature et c’est d’abord dans sa nature humaine que l’enfant naît à la vie. Or, le petit gars deviendra un homme et la petite fille deviendra une femme. C’est la première vocation, celle d’être à même son identité humaine. Il faut devenir pleinement humain pour être pleinement chrétien.

 

Tu as ta place en Église, Victorine, avec tes doutes et tes questions

Je comprends ma chère Victorine que tu ne veux rien savoir d’une Église qui condamne. Moi non plus! Mais faut-il se sentir condamné(e) quand on entend une opinion publique différente de la vérité? Personnellement, je me sens condamné à croire quand j’entends des propos populaires qui sont, non seulement opposés à ma foi, mais aussi faux qu’un soleil de minuit ou une lune du midi. Je pense qu’il y a ici une blessure profonde camouflée dans une telle attitude.

 

Je comprends ta réaction et j’espère que tes sentiments se sont apaisés. Il y a pire que les mensonges que l’on entend comme des vérités, il y a l’obligation ressentie d’y croire comme des absolus et ce, malgré la fragilité de nos convictions profondes. Un vieux pêcheur acadien te dirait qu’on ne forge pas un capitaine sur un quai à regarder les bateaux passer. C’est au large, contre vents et marées, à lutter contre les éléments de la nature qui lui crient vengeance pour un tort qu’il n’a jamais commis, qu’il apprend à faire confiance à ses instruments de bord qui le conduiront à bon port.

 

Je me refuse de croire en une Église qui ne serait comparable qu’à un meuble avec un seul tiroir, donc à une seule manière de vivre sa foi. Un tel meuble n’est pas toujours commode pour tous. Ta perception de l’Église et l’expérience qu’elle engendre peut ne pas partager le même tiroir de ma réalité en cette même Église. Mais rien ne dit que tu n’aurais pas ta place dans un autre tiroir, pas loin du mien. Ainsi, nous pourrions donner des choix à d’autres qui aiment penser autrement.

 

Dis-moi ce que tu en penses.

Cousin Dan

danilec1@yahoo.ca

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 03:27

Il y a longtemps depuis mon dernier texte. Plus d'un an en effet. Je me demandais s'il était encore fréquenté quand j'ai reçu un commentaire ce soir. Cela me donne le goût d'y revenir.

Depuis septembre 2009 je signe la chronique «Cousin Dan vous répond» dans une revue intitulée «Le messager de Saint-Antoine». C'est une revue catholique tirée à près de 34 000 abonnements. Je me réserve le droit de les publier sur ce blog. Les sujets sont variés, je ne fais que répondre aux questions des lecteurs. Les questions ne sont pas fictives. Au plaisir.

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