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26 juin 2007 2 26 /06 /juin /2007 03:28
grande-Falaise-3P-Saharoff0052R.jpgLa méditation du jour offre un beau point de repère à la réflexion personnelle. Basée sur Genèse 12,1-9, on y lit: "Combien de départs avons-nous vécus au cours de notre vie; que de déchirements, d'insécurité, d'errements! Mais comme ont été nombreuses les bénédictions, nombreux les fruits jaillis de cet appel de Dieu à marcher vers l'inconnu, vers la terre nouvelle où il nous attend."

Depuis mon retour au ministère, il me semble parfois que je tiens celui-ci à bout de bras. Les manigances politiques brisent les ardeurs qui devraient motiver la pastorale. La source des idées ne peut venir uniquement de Rome et ne doit pas être imposée par le clergé. Il faut aussi cette expérience de base qui pousse comme un vent du large vers des rivages inconnus. C'est un acte de foi de tous les jours. Je crois aux laïcs, même certains d'entre eux me font parfois peur dans leur manière de vivre l'Église. La politique et la pastorale peuvent ne faire qu'un pour les adeptes qui ne font pas la différence. Et cette conjoncture provient des laïcs de bonne foi qui souvent confondent ces deux dynamismes de base. La politique est pour les idées personnelles ce que la pastorale est pour le bien commun. 

La pire crainte est celle qui empêche l'individu de reconnaître ses fragilités. Or, le coeur de telles fragilités oblige à faire appel au souffle premier du courage. Chaque jour suffit à sa peine, nous dit l'Évangile du 23 juin dernier, celui que j'ai lu lors de la messe des finissants 2007 de Néguac. Quelle force et quel courage il faut pour y croire! La force nécessaire pour s'y engager ne nous appartient pas. Elle peut épuiser nos énergies quand nous la retenons par crainte du résultat. Quant au courage, c'est un don qui nous dépasse. Le retenir serait mettre le feu à la barge qui vogue au large.
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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 21:46
90cowboy.jpgEntre mes deux derniers blogs mon coeur balance. Il y a ces deux religieuses âgées qui défient les limites du temps. Soeur Thérèse qui, de ses 96 ans, m'a aidé à entrer mes valises lors de mon arrivée à Kermaria et soeur Lucienne qui vit les limites de son âge avec une sérénité déconcertante. Puis, il y a eu cette soeur sourire qui se donna la mort parce qu'elle était en dehors des sécurités que procurait le cloître de la vie religieuse. Je regarde d'où vient mon cheval de bataille et je ne sais que croire. Aussi déterminé que puisse paraître le cheval de mon parcours, je doute de mes forces de coureurs. J'ai bien le torse nu comme pour embrasser les courants d'air, mais certaines rafales risquent d'embrumer mon regard et ce, malgré la force de mon oeil. L'oculiste a beau pouvoir scruter ma vue, il ne peut décider pour moi ce que je regarderai.

Il y a de ces laisser-aller incontournables. En anglais on dit: "You're damned if you do and you're damned if you don't." Peut-on questionner sans tout remettre en question? Peut-on faire des remises en question sans tout questionner?

J'ai hâte à ce temps de repos que je me donnerai dans quelques mois. Trois mois en cale-sèche pour examiner la coque de mon paquebot en quête d'une croisière dans la méditerranée de la vie. Je n'ai peut-être pas assez rêver la vie que je suis à vivre. Je n'ai peut-être pas assez vécu pour le rêve que je poursuis.
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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 18:41
grande-Bateau-1D-I-Jeske16R.jpgJe me souviens d'une chanson popularisée vers la fin des années 1960. Le chant "Dominique" était interprété par celle que l'on appelait "Soeur sourire." La légende dit qu'elle se serait suicidée peu de temps après avoir quitté sa communauté religieuse.

Pourquoi paraître triste dans sa manière de célébrer sa foi? On m'a si souvent reproché de dire des "jokes" dans mes homélies que j'en ai perdu le goût. Pourtant, je savais évaluer le contexte dans lequel les dire. Si l'église est l'anti-chambre du Ciel, notre message non verbal est éloquent et sans-équivoque. "Faisons-nous du fun avant de mourir car après, c'est sérieux!" Il me semble percevoir le quiproquo que dénonce Patrick De Plungett dans son livre Benoît XVI et le plan de Dieu. Il nous faut une joie sérieuse, un sourire larmoyant, une bonne nouvelle triste, un goût de vivre mièvreux. Les choses sont bonnes quand nous en sommes les instigateurs et douteuses lorsqu'elles nous viennent d'ailleurs.

Le quiproquo, où une chose est prise pour une autre, est omniprésent dans l'Église. Et cela ne nous vient pas toujours des hautes sphères de l'Église de Rome. On a aboli le latin sous prétexte qu'il fallait parler la langue du peuple. On a aboli la confession individuelle sous prétexte que les célébrations communautaires répondaient à la nouvelle réalité pastorale. Sans nier les intentions nobles et probes, sommes-nous à manquer notre coup? Récemment, aux dernières heures de Jean-Paul II, on se faisait demander de restituer les confessions individuelles afin de les rendre disponibles. En quoi cela devait-il automatiquement conduire à l'abolition des confessions communautaires? C'est du moins l'approche médiatique qui en a découlé. Il est dit que prochainement, Rome nous demandera de faire une place pour le chant latin dans nos liturgies. Est-ce que cela abolira les chants inspirés dans la langue du peuple? Le latin n'a jamais été aboli dans l'Église de Rome, même si c'est une langue morte, elle porte encore un souffle de vie.

Il y a ce qui est dit et ce qui est compris. Ma tristesse est l'apport des médias dans la diffusion de la nouvelle. Sans se prétendre pasteurs ou théologiens, quel journaliste se trouvera les compétences nécessaires pour éclairer la conscience collective qui serait inconsciente des conséquences de ce qu'elle avance? Ils se diront être les AS de l'information et que c'est de là que découle leur devoir d'état. Mais de qui relèvera le devoir de former une élite capable de construire la cathédrale des coeurs avec les bouts de planches laissées pèle-mêle dans la compréhension populaire des gens?
Soeur sourire a repris son sérieux et il ne nous reste qu'à danser sur une musique muette à partir d'une chaloupe de foi aux prises avec la glace d'un courant de vie figé dans ce qui a été établi.
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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 05:06
DSCN0988.jpgLors de mes vacances en mai dernier, j'ai rencontré deux femmes qui ont joué un rôle déterminant dans ma vie et ce, avant même que je ne les connaisse. Celle qui est à l'avant-plan s'appelle soeur Thérèse Bélanger. Elle a 96 ans, dont 76 ans de vie religieuse. Celle à l'arrière-plan s'appelle soeur Lucienne Lambert. Elle a 89 ans et elle célébrait le 20 mai dernier ses 70 ans de vie religieuse. À l'époque où elles ont joué un rôle essentiel dans ma vie, la première portait le nom de Mère Mectile et la seconde de Mère Émérence. 

Elles sont de la communauté religieuse Les Filles de Jésus et elles sont les dernières fondatrices de l'hôpital Saint-Joseph de Dalhousie. En 1951, Mère Mectile avait assisté le Dr Jean-Patrice Chiasson avec ma mère qui avait une mauvaise grossesse et était à l'article de la mort. Enceinte dans la trompe qui relie les ovaires à l'utérus, ma mère était en hémorragie. Mère Mectile avait terminé son quart de travail à 16h00 et à 17h30, elle aidait ma mère en vue de l'opération d'urgence qui allait avoir lieu à 21h30. Quand ma mère s'est réveillée vers 4h00 du matin, Mère Mectile était encore à son chevet. C'est ma mère qui l'avait renvoyée et à 8h00 du matin, Mère Mectile était encore sur le plancher à faire son quart de travail. Elle était venue s'informer de l'état de ma mère.

Cinq ans plus tard, le 6 mars 1956, Mère Émérence aidait ma mère à me mettre au monde. Le 21 mai dernier, j'ai eu l'occasion de célébrer la messe à leur maison Kermaria de Trois-Rivières. Sr Lucienne était au balcon avec celles dont la santé ne permet pas d'être à la nef avec les consoeurs en meilleur santé. C'est sr Thérèse qui, de la nef, est venue chercher le dernier livre que j'ai publié avec Monique Roy Dialogue entre un homme d'Église et une femme de Lettres tome II, en 2006 aux éditions de la Francophonie.

Je trouve malheureux que les femmes se sentent exclues de l'église. Ma plus grande tristesse est de voir le zèle et le coeur  avec lesquels ces dames de Dieu travaillaient, soit maintenant à se faire ainsi engloutir sous l'épitaphe monstrueux de l'institution de l'époque. La femme a toujours joué un rôle essentiel dans la vie de l'Église. C'est malheureux que l'on ne reconnaisse pas leur apport. Elles ne célébraient pas l'eucharistie, mais combien de fois ont-elles été des présences de Dieu auprès de ceux et celles qui étaient en manque de sollicitude.

Ces femmes de coeur sont restées des personnes aimantes, malgré l'épithète qu'on leur attribuait à cause de leur statut social. Elles se disaient soeurs mais c'était d'abord des femmes de Dieu. 
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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 01:05
IlsAuxFoins-02-1-.jpgPar définition, un précurseur est une personne dont la doctrine, les oeuvres ont frayé la voie à un grand homme, à un mouvement. Au-delà du folklore québécois et de leur traditionnelle fête nationale, peut-on trouver en soi des traces qui seraient capables d'engendrer des précurseurs dont la doctrine et les oeuvres frayeraient la voie à un grand homme, sinon à un mouvement? Je vois trois éléments du contexte où est né Jean que l'on pourrait retrouver dans notre quotidien.

Le premier élément serait l'âge des principaux acteurs. Zacharie et Élisabeth sont âgés quand ce beau projet de vie est survenu de nulle part. Avons-nous l'impression, en lisant, en regardant et en écoutant les actualités qu'il semble peut-être trop tard pour que quelque chose de bien survienne pour notre salut?

Le deuxième élément est l'incompréhension de l'expérience en directe. Quand l'ange annonce à Zacharie que sa femme aura un enfant, malgré son grand âge, il lui demande un signe. C'est alors que Zacharie devient muet jusqu'à la circoncision. Quand on lui demande le nom de l'enfant, on le lui demande par signes, comme s'il était sourd. Mais il était muet! Combien croit-on ne pas pouvoir comprendre parce qu'on ne sait pas comment se dire?

Le troisième élément est le désert. C'est de là que Jean proclamera la conversion par le baptême, y reconnaîtra le Messie et le baptisera dans le Jourdain. Le désert est cet espace de sables où tout se résume à être confondu dans du pareil au même. Les points de repère se diffusent dans un horizon mal défini. C'est alors que l'on a peur des montagnes qui n'existent pas et que l'on renie le grain de sable qui blesse le pied pourtant bien chaussé. On ne voudrait surtout pas perdre son soulier pour si peu! On est à l'ère de l'ordinateur, peu importe le virus qu'il transporte.

Peu importe le précurseur recherché, ce dernier ne peut pas s'appeler comme son père. Il portera un nom nouveau par sa doctrine inédite en annonçant un chemin de vie inconnu. Mais, attention au plateau d'argent! Si le prix n'est pas indiqué à l'avance, la rançon suivra. Il ne faudrait pas y perdre la tête.
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24 juin 2007 7 24 /06 /juin /2007 03:04
WoW-21L--C3-A9glisedeNeguac-1-.jpgEn ce 23 juin 2007, j'ai célébré l'Eucharistie pour les finissants du Centre Scolaire Communautaire La Fontaine de Néguac. L'église paroissiale paraît en photo. Cette photo représente bien la réalité des jeunes gradué(e)s d'aujourd'hui. Comment trouver la rigidité de ses projets dans la brume du temps? Comment en arriver à vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie?

Il y a 30 ans aujourd'hui, j'étais à la place de ces jeunes et je recevais mon diplôme du secondaire en 1977. Nous nous rencontrons la semaine prochaine. J'espère que le directeur de l'époque y sera. J'ai hâte de lui dire que les judicieux conseils qu'il nous a donnés n'ont pas fonctionné. Les temps ont trop changé.

Plutôt que de donner des conseils, j'ai exprimé aux jeunes trois souhaits venant directement de mon coeur. Le premier, faire la différence entre "être"  et "faire". L'être est du domaine de la foi et cela s'articule par le verbe "croire", alors que le faire est du domaine de l'intelligence et cela s'articule par le verbe "savoir"

Le second souhait, rencontrer quelqu'un qui exerce le métier, la profession ou la vocation qu'il veulent vivre et faire. Qu'ils rencontrent ces personnes pour reconnaître ce qui les rend heureux, les aide à accomplir et à réussir leur vie à tel point ils soient féconds dans leur engagement à la communauté.

Le troisième souhait n'est pas le moindre. Je leur souhaite de rencontrer un sage dans leur vie. C'est celui ou celle qui les aidera à découvrir leur manière d'apprendre. Il y a de ceux qui apprennent à partir des livres, alors que d'autres apprennent à partir des expériences. Qu'est-ce qui leur sied le mieux?

Je leur ai rappelé l'anecdote suivante. Un jour, il y avait un jeune de 12 ans dont la mère travaillait dans un foyer pour personnes âgées. Tous les dimanches, il se rendait au Foyer rencontrer les vieillards et revenait à la maison avec sa mère. Il s'était fait ami avec un vieillard de 89 ans. Ce dernier avait été ami avec la famille de son grand-père maternel. Un jour, le jeune lui demanda: "Quand est-ce que je saurai tout de la vie?" Et le vieillard répondit spontanément: "Quand tu sauras que tu ne sais rien."

La semaine suivante, le vieillard lui dit."Je t'ai répondu pas mal vite, mon jeune. Mais quand un jeune pose une question, il lui faut une réponse tout de suite. J'ai été enfant. Quand j'ai eu assez d'expérience pour savoir ce que c'était que d'être un enfant, j'étais jeune homme. Quand j'ai eu assez d'expérience pour savoir ce que c'était que d'être une jeunesse, j'étais marié et j'avais des enfants. Quand j'ai eu assez d'expérience pour savoir ce que c'était que d'être père, mes enfants étaient mariés et avaient eux-mêmes des enfants. Quand j'ai eu assez d'expérience pour savoir ce que c'était que d'être marié, ma femme était décédée. Maintenant que j'ai assez d'expérience pour savoir ce que c'est que la vie, je dois me préparer à mourir."

L'anecdote de ce jeune est véridique. Ce jeune a grandi et il est celui qui écrit ces lignes. Et c'est la ligne de conduite qui régit ma vie.
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22 juin 2007 5 22 /06 /juin /2007 03:04
image5.jpgDans la tempête qui marque la vie de bien des jeunes, un rayon de lumière surgit. Il arrive qu'un jeune en saisisse la source. Il devient artiste comme par nature. Le succès n'est pas toujours monnayable. Je pense à Marc-André Fortin, le grand gagnant de la dernière cuvée de Star Académie.

Son dernier CD est à son image et à sa ressemblance. Pour moi qui suis de l'âge de son père, j'aime croire que la génération qui me succède possède une lumière capable d'éclairer mon mystère. De ses treize chansons, j'en reconnais quatre capables de nourrir ma foi et mon espérance. Je veux vous partager les paroles de celle qui rejoint mon coeur et que je souhaite que l'on chantera à la sortie de mes funérailles. Ce chant s'intitule COMBIEN DE TEMPS.

Combien de jours, de nuits... De soleils et de lunes... Combien d'hivers, d'étés... De neige et de pluies... Combien de d'automnes, de printemps... De nuages et d'éclaircies... Oui, combien de temps avant de te revoir... Combien de routes, de villages... De plaines et de montagnes... Combien de fleuves, de mers... De ports et de villes... Combien de fêtes, de femmes... Des fleurs et de baisers... Oui, combien de temps avant de te revoir... Pas un jour sans que tu viennes... Marcher dans ma mémoire... Pas un jour sans que ma peine... Embrume mon regard... Combien d'églises, de prières... De noces et de baptêmes... Combien d'adieux, de larmes... De bonheur et d'espoir... Combien de rides, de sagesse... D'âmes et de lumière... Combien de temps avant de te revoir... Combien de temps, avant de se revoir.

Faire confiance en l'avenir, c'est donner un droit de parole à ceux qui nous succèdent. Ils ne veilleront pas seulement à la résidence des vieillards où nous allons mourir. Ils veilleront à ce que nous mourons comme nous avons vécu. QU'ils disent autrement la foi qui nous habitait importe peu. Mais, qu'ils le disent.
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20 juin 2007 3 20 /06 /juin /2007 22:00
dessin-6.jpgLa liturgie d'aujourd'hui nous propose la fête de saint Louis de Gonzague. "Fils d'une famille noble, il fut révolté par la violence et la luxure de son époque, la Renaissance, et ne cessa d'approfondir sa recherche de Dieu." Dans les lectures du jour, saint Paul dit dans sa deuxième lettre aux Corinthiens: "Car je vous ai fait rencontrer le seul Époux; vous êtes l'épouse vierge et sainte que j'ai présentée au Christ." Alors que dans l'évangile tiré de saint Matthieu Jésus instruit ses apôtres sur le Pater. Il ajoute le sens premier de cette prière devenue presqu'universelle. "Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, à vous non plus votre Père ne pardonnera pas."

Le pardon me semble plus facile quand nous pouvons faire la différence entre le geste posé et la personne qui pose le geste. On porte tous ses blessures et celles-ci se transposent malgré soi dans le geste. Là se situe le sens de la miséricorde, la misère-du-coeur.
 Mais cette misère n'est bien perçue qu'avec notre coeur d'enfant. Qu'avons-nous fait de l'enfant en nous?

Louis de Gonzague a commencé sa conversion vers Dieu en se révoltant contre la société de son temps. La Mondialisation d'aujourd'hui vaut la Renaissance de son temps. Pourquoi se révolter contre Dieu à cause d'une société qui ne se comprend plus? Et si on se révoltait contre la société pour avoir banni Dieu de son existence? Il faut des temps de révolte afin d'engranger tant de grâces.
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18 juin 2007 1 18 /06 /juin /2007 03:19

11e dimanche du temps ordinaire, année C

Lecture du second livre de Samuel (12, 7-10.13); Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates (2, 16.19-21); Évangile selon saint Luc (7, 36-50).

Si je demandais à ceux et celles qui cherchent le bonheur et veulent sérieusement être heureux de signer leur nom, la pétition pourrait être longue.

La liturgie de ce 11e dimanche du temps ordinaire donne un profile de l'humain de tous les temps. Dans la première lecture, nous voyons le roi David au sommet de sa gloire. Il possède tellement de choses autour de lui susceptibles de le rendre heureux qu'il en oublie sa propre faiblesse qui lui vient de l'intérieur. Il se croit invincible en omettant de considérer un aspect important de lui, son élan passionnel pour la femme de son ami Ourias, celui qu'il avait fait son lieutenant de l'armée. Il l'envoie se faire tuer afin de se donner accès à sa femme. David savait jouer sur les apparences. En bon roi, il prendra soin de la veuve qui n'a personne pour lui assurer sa survie. Le prophète Nathan va au-delà des apparences pour lui révéler la vérité de son geste. David reconnaîtra son péché devant Dieu. Chose surprenante, le péché est pardonné mais les conséquences de la faute demeurent; "Désormais, l'épée ne cessera plus de frapper ta maison, pour te punir, parce que tu m'as méprisé et que tu as pris la femme d'Ourias le Hittite pour qu'elle devienne ta femme." Le pardon n'élimine pas les conséquences sociales de la faute commise, c'est probablement là le sens de la culpabilité morale.

Dans la seconde lecture, Paul fait la distinction entre vivre pour la loi et vivre pour Dieu. Vivre pour la loi c'est d'abord miser sur le paraître devant les autres alors que vivre pour Dieu, c'est miser sur l'être en soi. L'art de vivre devient plus authentique. Saint Paul sait de quoi il parle, lui qui utilisait la loi pour persécuter les chrétiens. Il paraissait bien devant les autorités, mais était-il vrai? Cette rencontre entre soi et son Dieu ne peut que se vivre dans la vérité. Si le prophète Nathan a su révéler à David son péché, l'Esprit issu de la rencontre avec Dieu révèle la grâce du pardon guérisseur.

L'Évangile de Luc nous présente un beau scénario des oppositions. Le Pharisien est assis à la table avec Jésus et la pécheresse est accroupie, humiliée, en pleur aux pieds de Jésus. C'est l'actualisation des deux premières lectures. Le Pharisien connaissait la loi et prétendait avoir l'influence qui la sous-tend. Il met en doute la nature divine de Jésus et condamne la femme pécheresse. Tout est dit dans une phrase de l'Évangile; "En voyant cela, le Pharisiens qui avait invité Jésus se dit en lui-même: "Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu'elle est; une pécheresse."" La prétention d'être maître et juge du Pharisien est subtile et pourtant réelle.

Si on regarde le symbolisme du corps comme langage relationnel, il faut reconnaître des choses intéressantes qui émergent de cet évangile. Assis à la même table, le Pharisien prétend être en communion avec Jésus. N'est-il pas l'hôte et Jésus l'invité? Leur commune union ici est le repas dont on ne parle pas. Arrive cette femme pécheresse qui touche les pieds de Jésus avec ses mains, les mouille de ses larmes et les essuie avec ses cheveux. Elle les couvre de baisers et y verse même un parfum de grande qualité. Les pieds de Jésus représentent ses convictions. Nous avançons dans la vie sur des convictions de base comme nous marchons sur un terrain. Les larmes avec lesquelles la pécheresse mouille les pieds de Jésus lui viennent de ses yeux qui représentent la fenêtre de son for interne. "J'entendrai des regards que vous aurez cru muets" fait dire le poète à Dieu. Si le Pharisien veut un rapport légal avec Jésus, la pécheresse, elle, a déjà établi un rapport de coeur à coeur. Ses cheveux avec lesquels elle essuie les pieds sont reliés à la tête, lieu du discernement. Elle fait donc la distinction entre l'Amour et la Loi. Jésus le sous-entend en disant: " Je te le dis: si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c'est à cause de son grand amour."

Nous rêvons tous de l'Amour vrai et authentique, sans artifice et sans prétention. Mais le véritable amour est forcément porteur de pardon, sinon il n'est qu'une recherche de gratification basée sur soi. Dieu pardonnera à partir de nos efforts d'aimer. C'est pourquoi Jésus fait de l'Amour le grand commandement. Aimer Dieu et son prochain, c'est se laisser pardonner par Dieu afin de pouvoir pardonner à son tour. N'est-ce pas ce que l'on dit en récitant le Notre Père? "Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés." Cet Amour n'est pas gratuit, le pardon en est le prix. 

La pardon n'est pas humain, il est divin. Il vient de Dieu mais comme il nous humanise quand nous apprenons à le mettre en pratique! On ne saurait pardonner véritablement sans d'abord se savoir pardonné. La pardon donné est d'abord une manifestation du pardon reçu. En fait, c'est ce qui nous distingue des non pratiquants et de ceux qui se disent athées. Comme eux, nous sommes pécheurs, mais nous sommes des pécheurs pardonnés. Notre différence avec les athées et les non pratiquants est que nous le savons et c'est ce qui devient la cause de notre célébration.
Amen.

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16 juin 2007 6 16 /06 /juin /2007 04:08
L'homosexualité est un sujet délicat dans l'Église et dans la société. Mais l'est-il vraiment? Ne serait-ce que le miroir d'un malaise en soi transposé dans la société et en Église? Est-ce que les médias ne se servent pas de l'Église, ou de ses interprétations, pour faire croire que celle-ci est homophobe alors qu'il en est probablement autrement? Dans un document accessible à toutes les églises de mon unité pastorale et qui s'intitule Le mariage, c'est notre affaire! la Conférence des Évêques Catholiques du Canada (CECC) et les Chevaliers de Colomb du Canada ont conjointement formé un organisme qui a publié une brochure de 11 pages contenant 12 questions et réponses éclairant la position de l'Église par rapport à la redéfinition du mariage. Je viens vous partager la question numéro 12, qui est la dernière de la série. Voici la question. Qu'est-ce qui arrivera aux partenaires de même sexe qui désirent la protection officielle de leur union? Voici la réponse telle que publiée.

Dans un message pastoral, rendu public le 10 septembre 2003, la Conférence des évêques catholiques du Canada disait:

"Dès que le débat s'est enclenché, nous avons reconnu l'existence du voeu que soient officiellement protégées les autres formes de rapports personnels étroits entre adultes impliquant une dimension d'engagement, de soins mutuels, d'interdépendance affective et financière. Nous demeurons persuadés que des solutions peuvent être trouvées sans pour autant procéder à une redéfinition du mariage."

Il ne revenait pas à l'Église catholique d'enclencher le débat social sur les rapports de même sexe. Pour l'Église, le mariage est d'abord un sacrement et il lui revient de le défendre comme tel. Si un juge a établi que le préjudice lié aux homosexuels était inconstitutionnel, et je lui donne raison, il me semble que les politiciens ont été lâches de procéder à la redéfinition du mariage. L'Église ne s'en sort pas indemne de cette expérience. On a tort de prétendre que l'Église est contre les homosexuels par qu'Elle est contre la redéfinition du mariage. L'union de fait existe chez les hétérosexuels, pourquoi n'en serait-il pas ainsi chez les personnes de même sexe? Un de mes frères a vécu cet état matrimonial. Nous reconnaissions sa conjointe comme notre belle-soeur. Avec mes nièces, elle a participé aux décisions majeures concernant ses traitements quand il a été diagnostiqué d'un cancer. Elle était présente à tous les étapes entourant sa maladie. Nous n'avons nullement contesté le testament qui la privilégiait grandement. Son employeur a acquiescé ce qu'elle reçoive ses fonds de pension. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi pour les couples reconnus en Union de fait homosexuelle?

Rome a publié un texte à l'intention des accompagnateurs spirituels qui assistent les candidats au sacerdoce et qui auraient une orientation homosexuelle. Ce texte relevait de la régie interne de l'Église. C'est triste que les médias aient transposé ce document sur la place publique avec une interprétation libre sous prétexte que l'Église est homophobe. Avons-nous le droit de faire porter à l'Église une homophobie qui ne lui appartient pas?

La question qui préoccupe les évêques n'est pas l'orientation sexuelle des candidats, mais bien "peut-il vivre le célibat?" Si la réponse est oui, il peut l'ordonner, peu importe son orientation.
  À considérer ce que les débats médiatiques font dire à l'Église, je me demande si l'on sait que Duplessis et Charbonneau sont morts. 
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