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9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 15:54
Donald Cozzens, dans son livre Le nouveau visage du prêtre dit qu'il faut du courage pour s'arrêter et prendre du recul par rapport à son ministère et ses occupations afin de faire le point et rencontrer la source première de sa vocation. À quelques semaines de ce temps de recul, je suis en mesure de reconnaître la vérité de cette affirmation.

On peut aimer la vie et son ministère comme on peut aimer le golf et sa manière d'en jouer. Il y a les "Driving range" où on frappe des balles uniquement pour les frapper. On y fait même des compétitions à savoir qui frappera le plus loin. On peut même s'inventer des objectifs à atteindre et prétendre que l'on a réussi. Mais on peut aussi jouer un 9 ou un 18 trous avec un plan de match ou une stratégie de base. Il en va ainsi de la vie et de son ministère. On court d'un projet pastoral à un autre, on évalue l'activité par la participation des gens et on se donne bonne conscience à partir des recettes de la quête. On peut facilement ressembler à un hamster dans sa cage qui court continuellement dans son cylindre sans se demander où il va et quand il y arrivera.

Il faut du courage pour s'arrêter et faire le point sur soi et son engagement. Je me surprends des commentaires et des lettres que je reçois depuis que l'on sait que je prendrai un recul par rapport à mon ministère. Une lettre dit "Si vous décidez de poursuivre votre ministère ailleurs, ne faites pas allusion à moi comme cause de changement." 

Il y a une différence entre évaluer une situation et juger des personnes. Le but de ce retrait momentané n'est rien d'autre que de reprendre contact avec la source première de mon appel vocationnel, comme pour revoir ma rose principale dans le jardin de Dieu en moi. C'est reprendre contact avec CE QUE JE SUIS par rapport à CE QUE JE FAIS. Est-ce que mon engagement et ma manière de faire s'inscrivent dans le plan de Dieu pour moi, dans les communautés où je suis engagé et dans le diocèse à l'intérieur duquel j'ai opté de vivre ma vocation? Est-ce que j'avance ou est-ce que je fais du "sur place"? On peut aimer ou non ce que je fais, mais ce que je suis dans tout cela ne relève que de moi et de ma rencontre avec la source première de ma vocation.

La société présente des situations d'urgence remplies d'illusions et de faux espoirs. Suis-je à tomber dans ses pièges au détriment de mon appel premier qui est de servir? Il faut un véritable courage pour revoir ce pourquoi on manque de souffle devant les défis qui ne cessent de s'accumuler. C'est un moment de vérité pour soi et pour ceux avec qui l'on s'engage.

Voilà la différence entre travailler "avec" et travailler "pour" les autres. Je travaille avec des gens de bonne foi qui ont mille et une préoccupations en dehors de leur engagement pastoral. C'est triste que certains peuvent penser que je me retire pour mieux les juger. Pour entrer au coeur de mon engagement, j'ai à me juger moi-même et à évaluer le contexte dans lequel j'ai à faire évoluer mon appel à servir "avec" des gens animés d'une même foi, celle qui m'habite et m'anime.

Il faut du courage pour vaincre la peur du recul. Cela donnera une nouvelle perception des choses et une vue d'ensemble renouvelée. Je suis convaincu d'avance que le résultat sera positif. J'aimerais pouvoir en convaincre quelques-uns du bien fondé de ma démarche, mais je pense que ce serait manquer de foi. La vérité se tient toujours du côté du temps. Elle se révélera avec le temps. Un Sage m'avait dit: "Prends le temps de bien faire les choses, sinon le temps les défaira pour toi." Malheureusement, il y a des gens qui préfèrent se donner raison au lieu de chercher la vérité. Or, la raison a toujours peur du temps. Elle agit dans l'immédiat pour nous distraire de la Vérité. C'est pourquoi j'ai tendance à donner raison aux autres car ils en ont besoin dans l'immédiat. Quant à moi, je préfère chercher la Vérité et pour cela, il faut vaincre la peur du recul. 

On a tous une partie du jardin de Dieu en soi. Il revient à chaque individu d'y trouver sa fleur principale, son trésor caché, sa perle rare pour laquelle il est prêt à tout sacrifier pour la sauvegarder. La peur du recul est la pire tentation qui incite au mal. Ces mots ne se retrouve-t-ils pas quelque part à la fin de la prière que Jésus nous a laissée?
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commentaires

A
Site de Fernand McLaughlin,<br /> <br /> http://presence-effective.over-blog.com
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A
'il faut du courage pour s'arrêter et prendre du recul par rapport à son ministère et ses occupations afin de faire le point et rencontrer la source première de sa vocation.' <br /> <br /> Si cette affirmation est vraie pour le prêtre elle l'est également pour toute personne. Sans recul par rapport à sa vie la personne risque de ne pas vivre sa vie en plenitude. Ne pas vouloir faire la relecture de sa vie est se condamner à vivre dans le brouillard et refuser d'avancer. Tout ce qui n'évolue pas, pourrit, de l'eau stagnante, ça pue. Si tu appliques cela à une vie qui stagne, tu peux en tirer ta propre conclusion.
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D
Merci de me lire. J'ai tenté d'aller sur ton site mais cela a été impossible.
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F
J'ai bien aimer, te lire. Je vois quelque chose là.Pas au niveau du comportement, mais oui, au niveau de la compréhension.<br /> Je t'invite sur mon site.
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