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5 octobre 2007 5 05 /10 /octobre /2007 17:20
IlsAuxFoins-04-1-.jpgCertains se disent sauvés car ils appartiennent à la bonne Église alors que d'autres affirment que c'est la rencontre personnelle avec le Dieu sauveur qui assure la rédemption. C'est vrai que c'est à en perdre la tête! Mais la solution à ce dilemme n'est pas à ce niveau.

L'Église est la résultante d'une rencontre authentique avec Dieu. C'est une rencontre du coeur qui initie et entretient un rapport entre humains. L'Église se vide quand Elle ne se nourrit qu'à partir des idées qui la constituent alors que le coeur est ailleurs. "Là où est ton trésor, là sera ton coeur, faites-vous un trésor dans le ciel" dira Jésus. Mes idées sur les sacrements peuvent être plus importantes que Celui qui est célébré par ceux-ci. Un sacrement, c'est une célébration de la manifestation de Dieu dans notre vie. Pas seulement dans la mienne au niveau personnel, mais dans celle des autres qui constituent avec moi le réseau relationnel et bâtissent ainsi l'Église de Dieu dans laquelle nous sommes tous des intermédiaires de par notre baptême. On découvre un trésor dans une rencontre personnelle avec le Dieu rédempteur et on le célèbre dans nos rapports d'amour avec les autres
.

L'amour est-il ailleurs que dans le service genéreux envers les autres? Mais notre générosité est parfois intentionnelle, des fois que le vent changerait et que j'aurais besoin d'aide? L'amour désintéressé implique que nous aidions des gens qui ne nous retourneront pas la faveur lorsque nous serons dans le besoin. Un tel service généreux et désintéressé est forcément un témoignage éloquent qui en dit plus que des paroles sans acte.

Certes, l'Église supplée mais Elle ne sauve pas. Elle engendre de ce qu'Elle a reçu de Sa source qui est Dieu en vue de renforcer ses origines que sont les rapports humains. Ils faut des hommes et des femmes de coeur pour bâtir une Église qui sera nourrie par Dieu. Hors de ce dynamisme, pouvons-nous parler de débauche religieuse? Vous savez ce qu'est la débauche, n'est-ce pas? Ce sont des actes sexuels qui ne sont pas au service de l'amour entre deux personnes. En fait, c'est l'acte sexuel pour l'acte. Faute de ne pas pouvoir faire différentes choses avec la personne aimée, nous faisons la même chose avec des personnes différentes. Il en est ainsi pour les symboles et les signes religieux qui sont utilisés, pour ne pas dire abusés quand on vénère les symboles mais que le message du Symbolisé est ignoré et qu'on exagère les signes à un tel point que le Signifié en est absent.

Je crois en l'humain comme je crois en Dieu et j'aime Dieu comme j'aime les humains. Il me semble qu'il est là le Dieu de notre espérance et l'Église de notre foi.
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4 octobre 2007 4 04 /10 /octobre /2007 03:16
image0022-1-a.JPGSi on suit Jésus tel que les évangiles le présente, on pourrait le trouver un peu déconcertant. Un type arrive et lui dit qu'il veut le suivre. Dans cette belle phrase où il se compare aux oiseaux qui ont des nids et les renards qui ont des tanières, alors qu'il n'a pas d'endroit où poser la tête, Jésus annonce la manière que certaines personnes accueilleront sa parole. "Attends-toi à coucher dehors, mon ami. On nous foutra à la porte et on s'en fera compter des belles. On nous fera dire des choses qu'on n'a même jamais pensé. Veux-tu encore me suivre?" L'Évangile ne dit pas si le type en question a accepté.

Jésus interpelle une autre personne et lui dit: "Suis-moi." L'autre lui demande s'il peut d'abord aller enterrer son père. "Laisse les morts enterrer leur mort." dira Jésus. Il annonce alors le sens de sa mission. Il annonce la vie et non la mort. Le geste d'enterrer un mort est signifiant. Il faut baisser les yeux vers la terre et regarder le corps descendre dans un trou. Le trou est l'image du replis sur soi, d'une prison interne aux dimensions du trou, alors que Jésus veut qu'on lève les yeux vers le ciel comme image de liberté et d'une ouverture aux autres.

Jésus interpelle une autre personne et celle-ci lui dit: "Laisse-moi aller voir les miens." Quand nous partons pour un long voyage, il est normal d'aller saluer la parenté et les amis avant le départ. Il arrive même qu'on soit l'objet d'une petite fête de départ, si cela représente une absence assez longue. Jésus prend l'image de la charrue où il ne faut pas regarder en arrière. On est trop jeune pour se rappeler l'époque de la charrue tirée par les boeufs. Mais certains peuvent se rappeler d'une image du cultivateur labourant son champ avec une paire de chevaux. Moi qui aime ces bêtes, je me souviens d'une image d'un cultivateur, les rênes autour du cou, tenant les guidons d'une charrue avec une paire de chevaux. Si on veut un jardin avec des sillons droits, on ne peut pas regarder en arrière. Il faut regarder en avant et s'assurer que les sillons sont droits. Le passé n'est pas toujours garant de l'avenir même s'il lui ressemble. Et Jésus offre un projet d'avenir qui transforme notre histoire. S'attarder sur son passé, donc sur son histoire, porte atteinte au projet de vie et d'avenir de Jésus. Il ne vient pas compenser nos projets d'enfance déchus, mais réaliser le plan d'amour de son Père.

Pour comprendre ce passage, j'aime faire le parallèle avec ce passage où Jésus parle à des gens dans une maison fermée alors que sa mère et sa parenté sont dehors et veulent lui parler. Pauvre eux! Ils entendent les rumeurs qui circulent et pensent que peut-être Jésus est tombé sur la tête. Veulent-ils lui faire une petite thérapie de groupe? "Ma mère, mes frères. Se sont tous ceux qui font la volonté de mon Père." À première vue, on serait porté à croire que la mère et ses frères sont exclus du plan de Dieu puisqu'ils sont dehors, derrière une porte close. Mais Jésus sait que sa mère et sa parenté (car il n'existe pas de mots hébreux pour désigner cousins) l'aiment et croient en sa mission. Jésus veut situer les gens de l'auditoire au même rang que ceux qui lui sont proches. En fait, sa mère et ses frères sont tous ceux qui acceptent d'être critiqués quitte à coucher à la belle étoile,qui tendent vers la liberté intérieure et celle des autres et qui regardent en avant plutôt que de s'attarder aux histoires du passé. 

Jésus est déconcertant car il nous libère de ce que nous croyons être de l'amour pour que nous puissions aimer véritablement. Il nous libère de ce que nous pensons être la vie pour que nous puissions vivre pleinement. La vie divine, donc de Dieu, n'a rien d'humain et elle s'enracine dans nos expériences humaines. En autant que nous sachions nous en détacher pour vivre des expériences nouvelles et autres que ce que nous avons connu.
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3 octobre 2007 3 03 /10 /octobre /2007 02:02
A-20Ste-20Anne-20Du-20Bocage-1-.JPGLire Livre de Néhémie 2,1-8 et Luc 9,57-62.
Dans la méditation de ce jour où on prie pour les religieux, nous pouvons lire: "Néhémie et le roi perse sont des humains attentifs au vécu et aux besoins des autres. Les deux sont prêts à faire quelque chose pour aider, même s'il leur en coûte. Par cette chaîne de service, s'accomplit la volonté de Dieu." Dans l'Évangile, Jésus appelle ses disciples. Le premier s'offre et les deux autres posent des conditions. Le premier veut d'abord enterré son père et l'autre veut dire adieu aux siens. Qui a-t-il à comprendre en ce qui concerne la vie des religieux.

Le titre est réfléchi. Il y a des traces du passé qui peuvent nous porter vers un projet d'avenir. C'est mon avis que c'est aussi la mission des communautés religieuses qui encadrent à partir des racines spirituelles des fondateurs une expérience de foi d'aujourd'hui pour le monde à venir. Je pense en particulier à la communauté que j'ai bien connue, l'Ordre des Frères Mineurs Capucins. La spiritualité de François d'Assise inspire encore aujourd'hui. Pourtant, son existence terrestre appartient à l'époque  médiévale. C'est un choix de vie coûteux et exigeant. À la fois contemplatifs et actifs, ces hommes de prières sont aussi au service des autres dans l'action des organisations communautaires. Présents à une vie sociale parfois tumultueuse des défavorisés, ils sont aussi témoins d'une vie intérieure où la quiétude règne. La tentation de retourner en arrière constitue souvent le combat de tous les jours pour certains d'entre eux. Se perdre dans l'action ou s'isoler dans la contemplation exige un équilibre qui n'est pas toujours évident.

Confiants dans un avenir qu'il ne connaissent pas, se souvenant d'un passé qu'ils connaissent trop, ils osent engager leur vie dans un témoignage qui souvent me dépasse. Certes, j'ai quitté la communauté pour d'autres cieux. Il n'en reste pas moins qu'ils continuent de m'impressionner et ils interpellent. Que ce soit dans les lieux de pèlerinage où le costume est souvent de rigueur comme signe distinctif, ou dans l'anonymat des quartiers populaires, le grain est semé et la vie prend racine.

Je fais de ma journée, un temps de prière pour les religieux et religieuses des différentes communautés que j'ai connues. Ils portent un témoignage particulier et souvent, les qualités humaines de ces personnes de prière et d'action ne sont reconnues qu'à leurs funérailles. Jésus n'avait pas d'endroit où poser la tête comme la présence des religieux passe inaperçue dans notre vie, jusqu'à ce qu'ils portent. Il ne nous reste alors qu'un souvenir des plus vivant qui nous fait presque regretter de ne pas leur avoir dit l'importance de leur présence.
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3 octobre 2007 3 03 /10 /octobre /2007 01:03
DSC-0026.JPGLire Exode 23, 20-23a et Évangile de Matthieu 18, 1-5,10
L'Ancien Testament est rempli de passages où l'on fait mention des anges. Dans le texte de l'Exode mentionné, Moïse et son peuple sont dans le désert. La mission de l'ange est " se tenir devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t'ai préparé. (...) Mon ange marchera devant  toi." Situons l'expérience de Moïse dans le temps et l'espace. Dans le temps, c'était avant la venue du Christ et on ne connaissait pas l'expérience de l'Esprit Saint. Dans l'espace, nous sommes en plein désert où l'immensité de la terre sablonneuse joignait la grandeur du ciel dans un horizon qui confond   mirages et réalités. Nous portons des déserts intérieurs où nous ne sentons plus la présence de Dieu ou de Son Esprit et il nous est difficile de saisir l'objectif de certaines expériences.

Dans l'Évangile, les disciples demandent à Jésus: Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux?" Jésus appela un petit enfant et le plaça au milieu d'eux et cite son attitude comme le modèle pour entrer dans le Royaume. Il fait une mise en garde importante: "Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux."

J'essaie de me mettre à la place de l'enfant. Il n'est pas à côté, devant et derrière les disciples, il est "au milieu" du groupe. Il est entouré d'adultes qui l'empêchent de contempler la beauté du paysage et la grandeur de son avenir. Combien de fois nous sentons-nous entourés des plus grands, dépassé par ce qui nous entoure et parfois menace nos projets d'avenir? C'est une expérience de vulnérabilité quasi extrême. En parallèle, les autochtones de mon pays prient avec une plume d'aigle à la main. L'aigle est l'oiseau qui vole le plus haut dans le ciel, Visuellement, il est le plus proche de Dieu qui est aux cieux. L'autochtone demande à l'aigle de porter sa prière le plus près de Dieu possible. Qu'en est-il de nos anges gardiens?

Dans la Bible, on reconnaît trois prénoms d'ange; Gabriel, Michel et Raphaël. On donne souvent ces prénoms à des enfants, mais connaît-on leur signification? Gabriel est celui qui annonce une bonne nouvelle, Michel est celui qui défend la foi et Raphaël est celui qui protège l'itinérant. Enseignons-nous la mission évangélique liée à de tels prénoms? Sommes-nous prêts à jumeler ces prénoms au nôtre?

Dans le mot Évangile, il y a aussi celui de l'ange; "angelicus", donc Parole d'ange! Mais que gardent nos anges gardiens? Ils gardent notre foi dans nos expériences de doutes intenses, l'amour auquel nous sommes destinés malgré nos crises de révolte et notre espérance dans nos situations désespérantes. S'ils préparaient les assises de l'Esprit Saint en nous pour le moment où Dieu se manifestera pour nous faire connaître sa volonté au moment où nous serons prêts à accueillir Sa Parole d'ange afin d'intégrer l'Évangile dans nos vies, nous permettant ainsi de grandir dans un monde qui nous paraît adulte pour l'enfant qui dort en nous?
 C'est une expérience de foi où l'immensité de Dieu se joint à la grandeur de l'homme qui espère contre toute espérance.
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1 octobre 2007 1 01 /10 /octobre /2007 19:54
dessin-2.jpgQuand on demande à Jésus qui a la première place dans le Royaume, Jésus met enfant au milieu d'eux et le cite en référence. Quand on sait qu'à cette époque les enfants n'ont aucun droit de parole, cela en dit long. Quelles sont les personnes à qui je ne donne aucun droit de parole dans mon entourage? Ce sont les personnes que je place en dernier dans ma liste de gens à consulter ou à considérer.

On voudrait être impartial envers tous les gens. Mais les personnes curieuses sosnt comme un enfant, qui questionne et fait du bruit quand on voudrait se reposer. Elles ne semblent pas avoir les réponses que l'on voudrait entendre par rapport à nos questions. Pourtant, ce sont ces gens qui deviennent importants aux yeux de Dieu. Elles dérangent pour nous faire sortir de nos habitudes acquises.

François d'Assise portait un vêtement de pauvre car il voulait vivre avec eux et non travailler pour eux. N'est-ce pas aussi l'attitude que nous avons envers les enfants? Nous sommes prêts à tout faire pour eux, mais que sommes-nous prêts à vivre avec eux? Il y a un enfant négligé en chacun de nous. Quand cette négligence inavouée motive notre action, c'est alors que nous nous donnons des causes à défendre et ce que nous faisons acquiert  plus d'importance que ce que nous sommes.
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1 octobre 2007 1 01 /10 /octobre /2007 04:55

IlsAuxFoins-05-1-.jpgLire Luc (16, 19-31)
C'est un texte que l'on connaît bien, l'homme riche et Lazare. Le premier était riche et mangeait à volonté alors que Lazare crevait de faim à ses pieds. Les chiens léchaient même ses plaies. Avez-vous remarqué que l'homme riche n'a pas de nom? C'est un texte que je lis souvent et pourtant, c'est la première fois que je le remarque. C'est un bon indice qu'il faut relire un texte déjà lu pour mieux le comprendre. L'homme riche n'a pas de nom car il peut être chacun de nous. Sommes-nous à ce point dédaigneux de la misère des autres?

Le nom donne une identité. Par exemple, Lazare signifie "Dieu protège" alors que mon prénom, Daniel, veut dire "Jugement de Dieu." Ne pas avoir de nom, c'est aussi ne pas avoir d'identité. Serait-ce là le grand abîme qui séparait l'homme riche, qui était au séjour des morts, et Lazare qui était aux côtés d'Abraham? On ne peut donc pas croire à la théorie "New Age" qui stipule que nous deviendrons une particule anonyme perdue dans le grand cosmos. Notre nom est gravé dans le coeur de Dieu. Avec ce nom nous est donné une mission. Il est aussi surprenant de voir à quel point nous gardons notre mémoire dans L'Au-delà, du moins c'est ce qu'en dit Jésus. L'homme riche demande d'envoyer Lazare avertir ses frères pour qu'ils ne viennent pas périr dans sa souffrance.

Cette mémoire n'est pas une faculté intellectuelle du cerveau. Celle-ci meurt avec le corps. C'est plutôt la mémoire du coeur guidée par la justice. Nous sommes appelés à partager, non par devoir religieux ou par charité, mais au nom de la justice. Et la justice, qui comprend le mot "juste" et qui veut dire "ajusté à Dieu", c'est l'identité propre liée à notre nom et c'est le  coefficient qui détermine notre mission de Chrétien. 

L'homme riche était enfermé dans sa suffisance. Or, dans le mot "enfermer", il y a aussi le mot "enfer". Existe une meilleure définition? L'enfer, c'est se fermer aux autres en s'enfermant sur soi. Il n'est pas sur la terre, mais nous le commençons lorsque notre manière de vivre n'inclut pas le partage. Le ciel aussi commence ici-bas lorsque nous tentons de véhiculer Dieu dans notre manière de vivre.

À la requête de l'homme riche, souffrant le martyr, Abraham répond: "S'ils n'écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts, ils ne seront pas convaincus."

Nous sommes durs de croyance. Nos richesses terrestres l'emportent sur les béatitudes du Ciel. Dans une homélie, j'avais dit: "Qu'arriverait-il si un mort sortait du cimetière pour nous parler de l'Au-delà? Nous poursuivrions le médecin qui l'a déclaré mort et nous irions chez l'embaumeur pour nous faire rembourser le cercueil que nous avons acheté pour rien."  Le Ciel ne nous intéresse pas jusqu'à ce que la mort se montre dans les parages. Mais jamais nous ne donnerions un droit de parole au survenant qui voudrait nous parler de la vie à laquelle nous aurons accès d'après notre mort.

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27 septembre 2007 4 27 /09 /septembre /2007 23:46
DSC-0089.JPGEn la fête de saint Vincent de Paul, les paroles du livre d'Aggée. Nous y lisons en effet: " Réfléchissez à votre situation; Vous avez semé beaucoup, mais récolté peu; vous mangez, mais sans être rassasiés; vous buvez, sans être désaltérés; vous vous habillez, mais sans avoir chaud; et l'ouvrier qui a gagné son salaire n'a pour le mettre qu'une bourse trouée. Ainsi parle le Seigneur de l'univers: Réfléchissez à ce que vous devez faire."

Est-ce possible que cette parole ait été écrite avant Jésus-Christ? Elle me semble d'une grande actualité. Le mot-clé ici est le verbe "réfléchir." Nous avons tendance à lui donner la même connotation que le verbe "penser", mais faut-il être linguiste pour comprendre la différence? Je peux penser à une personne, à une situation et à différents événements dans ma vie et dans la société. Cela m'amène à prendre position pour ou contre certains éléments de la vie et ainsi à participer selon ma compréhension des choses. Le mot "réfléchir" par contre, engage la personne qui pose le geste. C'est extirper de soi une matière spirituelle qui sera reflétée par les personnes, les situations et les événements. Ces derniers deviennent des miroirs pour refléter une réalité qui m'habite. Je deviens la cause et la conséquence de ce qui est émis en réfléchissant. 

La pauvreté à laquelle on associe l'oeuvre et la mission de saint Vincent de Paul peut-elle faire l'objet de la pensée uniquement ou devrait-elle nous faire reconnaître notre propre pauvreté en y réfléchissant comme il faut? Comment passer du signe au symbole? C'est le cheminement de François d'Assise. Le Seigneur lui a dit: "Va et bâtis mon église qui, comme tu vois, tombe en ruine." François était dans l'église abandonnée de Saint-Damien et il croyait devoir rebâtir le lieu de culte. C'est ce qu'il a fait avec les pauvres de la région. C'est plus tard, par un songe du pape Innocent III, que sa véritable mission lui a été révélée. François avait demandé au pape d'approuver sa règle et celui-ci voulait y penser car il trouvait qu'il y avait assez de règles monastiques dans son Église. En effet, il y avait les règles de saint Bernard, de saint Benoît et aussi celle de saint Augustin. En songe, le pape voyait son Église s'effondrer alors que François la retenait. 

À bien y penser, la pauvreté est un fléau social à combattre. Mais si on réfléchit un peu, "Bienheureux les pauvres" est aussi une béatitude. L'art de penser est bien le reflet de nos ambiguïtés!
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27 septembre 2007 4 27 /09 /septembre /2007 17:22
grande-Bateau-1D-I-Jeske16R.jpgVous connaissez les films François et le chemin du soleil et Jésus de Nazareth? J'achève de lire l'autobiographie du réalisateur de ces deux films, Franco Zeffirelli. L'auteur explique l'expérience humaine qui a accouché de ces deux oeuvres et nous aide à saisir l'échec du premier et le succès du second. Zeffirelli a réalisé la mise en scène et le décor de ces deux oeuvres qui ont influencé ma manière de concevoir ma foi et de mieux la vivre.

François et le chemin du soleil, réalisé en 1971, a connu un échec au box-office. On a voulu transposer sur le grand écran les ressemblances idéologiques des années fin '60 et ce personnage médiéval italien. L'expérience a démontré que l'on ne peut pas réécrire l'histoire avec les éléments du présent. Le Pauvre d'Assise appartient à l'histoire du XIIe siècle et on ne pouvait pas lui attribuer le courant idéologique du XXe siècle qui était un contestation de la guerre du Viet Nam. Les enjeux étaient différents, même si on leur trouvait des similitudes. La bure franciscaine était d'abord l'habit du pauvre, du rejeté et du laissé pour compte. François ne voulait pas travailler pour eux mais vivre avec eux et ainsi, porter dans sa chair l'expérience du temps qui se vivait au présent. Le décalage de 8 siècles ne rendait justice ni à l'homme d'Assise historique ni à l'idéologie anti-guerre américaine. Les chansons qui accompagnaient le film avaient été écrites par les Beatles, qui influençaient la mentalité et les moeurs populaires. Le succès de François et le chemin du soleil s'est plutôt limité aux salles paroissiales et aux convertis des valeurs spirituelles.

Jésus de Nazareth visait le petit écran. Réalisé en 1976, on voulait un film pour télé de six heures. Contrairement à ce que l'on a tenté avec François d'Assise, on a voulu situer Jésus dans son contexte historique avec ses traits de juif authentique au coeur d'un pays assiégé par un pouvoir politique étranger. Deux choses m'ont surpris dans la réalisation de ce chef-d'oeuvre. Aucune scène n'a été tournée en Israël. Les sites bibliques étaient devenus de lieux touristiques presque barricadés par une présence militaire gênante. Les scènes extérieures viennent de l'Égypte et du Maroc. Les défis étaient gigantesques. Ça vaut la peine de décrire le plateau de la scène du Sanhédrin où Jésus est condamné par les Pharisiens et le défi de s'ajuster aux réalités du temps. "Je renonçai alors au Moyen-Orient pour me tourner vers l'Égypte. Une bonne partie des scènes les plus imposantes devaient avoir comme cadre le Temple de Jérusalem et ma principale  préoccupation consistait à trouver un édifice qui pût s'accommoder d'un tel habillage. Islam n'a pas pris pour modèle les temples égyptiens ou les édifices romains, mais les constructions hébraïques. Plusieurs mosquées constituent, de toute évidence, des répliques du Temple, avec leurs salles à colonnades, leurs cours en plein air et leurs fontaines. De telles Mosquées, on en trouvait au Caire, (...) Mais, une fois de plus, la politique jouait contre nous. Dissimuler les symboles de l'Islam sous une décoration hébraïque et emplir le lieu sacré d'une foule revêtue du costume juif traditionnel apparaissait à trop de gens comme une provocation."

Je retiens deux choses de cet extrait. L'Égypte duquel Moïse a libéré le peuple Hébreu devient maintenant la scène pouvant le mieux décrire ce Juif qui a transformé le monde et le lien inter-religieux entre Celui qui a engendré le christianisme et le Temple des Musulmans. Il faut se départir de son trône pour mieux exposer sa royauté. Le succès du dialogue inter-religieux et de l'oecuménisme ne peut venir de l'intérieur des religions qui ne peuvent que se comparer sans vraiment se comprendre. C'est en se comparant que l'on en arrive à un meilleur par rapport à un pire et c'est alors l'échec de la réciprocité des discours. On ne peut se faire un cinéma de nos croyances religieuses. Si nous avions assez de foi pour laisser vivre ceux qui pensent autrement, peut-être pourrions-nous justifier le prix qui accompagne le succès de nos efforts de réconciliation.
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27 septembre 2007 4 27 /09 /septembre /2007 02:07
DSC-0091.JPGLa liturgie d'aujourd'hui propose au peuple canadien le martyr de saints Jean de Brébeuf et Isaac Jogues, prêtres, et leurs compagnons martyrs. Dans l'introduction du Prions en Église du mois, on peut lire: "Appelés généralement 'martyrs canadiens', six jésuites et deux laïcs 'donnés aux missions' furent mis à mort entre 1642 et 1649'". Je me souviens qu'au noviciat des capucins au Kansas, on les appelait "Les martyrs de l'Amérique du Nord". L'argument qu'on donnait stipulait que le Canada n'existait pas encore. Le martyr par exécution est la marque de sainteté par excellence. Mais où sont nos martyrs d'aujourd'hui? Existent-ils encore?

Les plaies du coeur valent-elles les blessures du corps? Si c'est le cas, les martyrs abondent plus que jamais. On les croise sans les connaître et cet anonymat est une blessure en soi. Je suis dans les médias la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodations raisonnables. On entend de tout, Les susceptibilités sont parfois vives. Au nom d'une révolution tranquille historique, on a enlevé toute marque de religion dans nos institutions publiques. On évoque la laïcité de la population. Par contre, des immigrants revendiquent le droit à leur insignes religieux traditionnels tels que le Kirpan, le visage voilé, salle de prière et ce, au nom de la charte des droits et liberté. Mais le véritable témoignage se porte-t-il à l'extérieur ou à l'intérieur? Est-il aussi une question de vie et de mort? Comment porter un enseignement chrétien dans le respect des gens, de leurs us et coutumes? Les missionnaires du XVIIe siècle brimaient-ils la liberté des amérindiens du temps? Il est évident que nous ne lisons plus les signes des temps de la même manière. Cette évolution est-elle un signe de maturité?

Je pense à cet ami religieux qui travaille de nuit dans un centre qui distribue des condoms aux prostituées et des seringues stérilisées aux toxicomanes. Il me partageait les confidences qu'ils reçoit de ces gens. L'une a été abusée par ses frères à l'âge de 5 ans à 12 ans. Un autre avait un commerce prospère et il a tout perdu pour la drogue. La question qui lui est le plus souvent posée c'est:"Pourquoi moi?" La psychologie, les sciences sociales et l'anthropologie n'ont aucune réponse à offrir. Est-ce que la foi peut y faire quelque chose? Si oui, quoi?

Le martyr croule sous nos yeux mais il n'a pas les couleurs que lui donnent les grandes religions. C'est un martyr discret et anonyme, connu de Dieu seulement, puisqu'Il est celui qui sonde les coeurs. Il y a des larmes silencieuses qui touchent le coeur de Dieu. De cela, j'en suis certain. Le témoignage de foi des martyrs d'hier peut-il se traduire aujourd'hui par une forme de compassion pour les mal pris, les laissés pour compte, les abandonnés et les marginalisés? Le martyr, c'est probablement ce que cet ami religieux vit tous les jours, alors qu'il entend de telles confidences sans se révolter, blâmer ou condamner les autres comme causes possibles de tels fléaux. Son martyr peut aussi venir de ses confrères religieux qui lui demandent s'il leur parle de la prière, des dévotions ou s'il les amène à l'église de temps en temps. Le martyr existe encore, mais il porte souvent les noms de pauvreté du coeur et de la misère de l'âme.

Comme le pissenlit transformé de la photo, le martyr se perd dans les  causes sociales qui l'ont engendré pour prendre une forme unique, identifiable à l'expérience humaine. Le martyr ne s'explique pas, mais il se vit à partir du coeur. Éventuellement, de tels coeurs en arrivent à répandre le souffle de Dieu pour et dans l'humanité en quête de sens. Dieu se fait tellement proche que l'on en vient à ne plus Le voir.
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23 septembre 2007 7 23 /09 /septembre /2007 17:44
985734075505-0-BG.jpgL'avenir de lLÉglise repose-t-il sur ses pasteurs et ses théologiens? Non seulement manque-t-il de relève au niveau des prêtres, mais il manque aussi des candidats à la faculté de théologie. Les étudiants soucieux de leur avenir et de celui de la société, faute de communauté, choisissent des disciplines connexes telles que la psychologie, la sociologie et l'anthropologie. Cette dernière science vise à comprendre l'humain dans son rapport avec les institutions et ses technologies selon les caractéristiques liées à sa race. L'humain est à ce point en quête de lui-même qu'il perd Dieu de vue. Dieu aime le monde, mais qui est ce monde? Comment évolue-t-il et comment s'acclimate-t-il aux institutions qu'il a créées?

J'observe beaucoup la ville de Québec où je suis en réflexion sur mon avenir pastoral. Nulle comparaison n'est possible avec mon diocèse dont les communautés chrétiennes sont rurales et dont le souvenir commun remonte toujours à la déportation de 1755. Les Acadiens ont une mentalité de la mer. Ils voient les choses dans leur ensemble, omettant des détails importants, car ceux-ci prennent l'image des vagues, ils viennent et repartent dans un même mouvement. La mentalité des gens de Québec se base sur les détails et moins sur l'esprit d'ensemble. Le lieu forme les perceptions et celles-ci  constituent la réflexion humaine. Quand on n'a pour seule vue que l'édifice à logements d'à côté, on s'arrête sur les détails des murs, des fenêtres et le mortier entre les briques de la façade. Comme on réfléchit de la même manière que l'on perçoit les choses, cette réalité ne relève pas du laconisme populaire. On ne cherche pas un raccourci du discours pour résumer une situation.

Il me semble qu'une formation de base en anthropologie serait utile aux pasteurs de demain, et même à ceux d'aujourd'hui. Nous sommes partis avec l'idée des unités pastorales pour l'ensemble du diocèse. Est-ce une option de vie réaliste pour toutes les communautés chrétiennes du diocèse? Seule une étude anthropologique saurait nous éclairer. À Québec, on a opté pour la fusion des paroisses. Ainsi, les paroisses Saint-Rock et Notre-Dame-de-Jacques-Cartier sont devenues une seule paroisse sous le vocable Notre-Dame-de-Saint-Rock. Il en est ainsi de la paroisse Notre-Dame-de-Rocamadour qui groupe trois communautés de Limoilou.

Le défi des Églises acadiennes est d'apprendre à lire les détails d'un projet. Dans l'expérience en Église, ces détails ne ressemblent en rien aux vagues du large qui surviennent de nulle part et repartent dans l'anonymat de l'immensité des océans. L'anthropologie nous apprendrait les bases existentielles de la vie, lesquelles nous échappent actuellement dans nos choix pastoraux. Je ne crois pas en l'Unité Pastorale pour l'ensemble du diocèse comme moyen uniforme pour toutes les communautés qui ont pignon dans le paysage diocésain. Il y a des secteurs qui ont besoin de considérer l'option des fusions, tout en respectant le caractère unique de chaque communauté rassemblée dans une église particulière.

Avec ces nouveaux jets de lumière, nous pourrons alors opter pour des choix pastoraux équitables pour tous. Les Acadiens ne sont pas des Québécois et ce qui marche pour l'un peut ne pas convenir à l'autre. Une vision anthropologique nous aiderait à saisir qui est l'homme qui se dit Acadien et comment lui enseigner une foi qui le mette en rapport avec le Dieu qu'il adore et qu'il veut manifester et ce, malgré les vicissitudes de la vie courante. Connaître l'homme, les éléments typiques liés à sa race et les raisons de ses institutions donnera aux pasteurs le discours religieux nécessaire aux célébrations qui s'y vivent avec foi.
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  • : Le blog de Daniel LeClair
  • : Réflexion libre sur différents sujets sociaux, culturels, religieux. Je suis disponible à répondre aux questions des lecteurs.
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