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1 octobre 2007 1 01 /10 /octobre /2007 04:55

IlsAuxFoins-05-1-.jpgLire Luc (16, 19-31)
C'est un texte que l'on connaît bien, l'homme riche et Lazare. Le premier était riche et mangeait à volonté alors que Lazare crevait de faim à ses pieds. Les chiens léchaient même ses plaies. Avez-vous remarqué que l'homme riche n'a pas de nom? C'est un texte que je lis souvent et pourtant, c'est la première fois que je le remarque. C'est un bon indice qu'il faut relire un texte déjà lu pour mieux le comprendre. L'homme riche n'a pas de nom car il peut être chacun de nous. Sommes-nous à ce point dédaigneux de la misère des autres?

Le nom donne une identité. Par exemple, Lazare signifie "Dieu protège" alors que mon prénom, Daniel, veut dire "Jugement de Dieu." Ne pas avoir de nom, c'est aussi ne pas avoir d'identité. Serait-ce là le grand abîme qui séparait l'homme riche, qui était au séjour des morts, et Lazare qui était aux côtés d'Abraham? On ne peut donc pas croire à la théorie "New Age" qui stipule que nous deviendrons une particule anonyme perdue dans le grand cosmos. Notre nom est gravé dans le coeur de Dieu. Avec ce nom nous est donné une mission. Il est aussi surprenant de voir à quel point nous gardons notre mémoire dans L'Au-delà, du moins c'est ce qu'en dit Jésus. L'homme riche demande d'envoyer Lazare avertir ses frères pour qu'ils ne viennent pas périr dans sa souffrance.

Cette mémoire n'est pas une faculté intellectuelle du cerveau. Celle-ci meurt avec le corps. C'est plutôt la mémoire du coeur guidée par la justice. Nous sommes appelés à partager, non par devoir religieux ou par charité, mais au nom de la justice. Et la justice, qui comprend le mot "juste" et qui veut dire "ajusté à Dieu", c'est l'identité propre liée à notre nom et c'est le  coefficient qui détermine notre mission de Chrétien. 

L'homme riche était enfermé dans sa suffisance. Or, dans le mot "enfermer", il y a aussi le mot "enfer". Existe une meilleure définition? L'enfer, c'est se fermer aux autres en s'enfermant sur soi. Il n'est pas sur la terre, mais nous le commençons lorsque notre manière de vivre n'inclut pas le partage. Le ciel aussi commence ici-bas lorsque nous tentons de véhiculer Dieu dans notre manière de vivre.

À la requête de l'homme riche, souffrant le martyr, Abraham répond: "S'ils n'écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts, ils ne seront pas convaincus."

Nous sommes durs de croyance. Nos richesses terrestres l'emportent sur les béatitudes du Ciel. Dans une homélie, j'avais dit: "Qu'arriverait-il si un mort sortait du cimetière pour nous parler de l'Au-delà? Nous poursuivrions le médecin qui l'a déclaré mort et nous irions chez l'embaumeur pour nous faire rembourser le cercueil que nous avons acheté pour rien."  Le Ciel ne nous intéresse pas jusqu'à ce que la mort se montre dans les parages. Mais jamais nous ne donnerions un droit de parole au survenant qui voudrait nous parler de la vie à laquelle nous aurons accès d'après notre mort.

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commentaires

D
Bonjour,<br /> l'homme riche est un sans nom, je crois que tu as raison, cet homme c'est chacun de nous. DAsn mon article «Sommes-nous une bande de vautrés» je fais la même constatation. Nous sommes touts plus ou moins l'homme riche. Merci de ta réflexion.
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