Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 15:49

1192656595-103.jpg

Je perçois déjà le Québec comme un pays. On a raison de considérer les Acadiens et les Québécois comme des cousins. Ils ont des racines familiales communes. Comme des cousins respectables et respectés, l’histoire et la culture les constituent ont des airs de famille étonnants. Mais au-delà des airs de famille, il faut reconnaître une manière d’être qui se différencie. L'Acadie existe déjà pour les Acadiens. Qu'en est-il du Québec par rapport aux QUébécois?

L’Acadie a été fondé en 1604 et le Québec en 1608 avec les mêmes fondateurs. Après la conquête anglaise, ils ont tous deux été abandonnés à leur sort.  Dans les deux cas, l’Église a pris la relève alors que l'élite a fuit le navire. En effet, les hôpitaux qui ont soigné les plus faibles et le système d’éducation qui a développer l'élite intellectuel de l'époque témoignent en faveur d'une Église qui a pris ses responsabilités missionnaires. Dans les années 1970, chaque territoire a formé son parti politique pour prendre la relève de l’Église. En Acadie, le parti acadien n’a pas su prendre son envol. Il n’a présenté des candidats qu’à une seule élection, alors que le parti québécois a formé le gouvernement à plusieurs occasions. Ce changement politique différencie maintenant ces deux peuples dans l’actualité. Même si le présent de ces deux «nations» est si différent malgré l’histoire qui les a vues naître, peut-on oser croire en un avenir commun?

Pour reconnaître le caractère tangible d’un pays, il faut l’évaluer à trois niveaux; son système politique qui reflète son présent, sa culture qui témoigne de son histoire et sa religion qui profile les jalons de son avenir. Au niveau politique, la distinction ne peut être plus claire entre le Québec et l’Acadie. Un niveau culturel, on y reconnaît un mouvement parallèle comme une similitude indéniable. Ça a commencé par les chansons traditionnelles françaises qui nous ont fait oublier la trahison de nos fondateurs pour nous avoir abandonnés. Les premiers succès des chansons en français n’ont été qu’une traduction presque mot-à-mot des succès américains de l'époque. Ont alors émergés du Québec des Michel Louvain, Gilles Vigneault et bien d’autres qui revalorisé les couleurs uniques de la culture québécoise. En parallèle, l’Acadie a connu des Édith Butler, Calixte Duguay, Donat Lacroix et le groupe 1755 pour mettre en évidence le fleuron qui constitue la base vitale. L’Acadie a aussi connu des auteurs comme Herménégilde Chiasson, Raymond Breau, Antonine Maillet et bien d’autres pour tracer sur des pages blanches les lignes oubliées d’une histoire dont on a détruit certaines pages pour qu’on en perde la mémoire. Le Québec a connu et reconnaît encore le poids culturel d’un géant comme Félix Leclerc, Claude Léveillée et Raymond Lévesque.

Il y a des pages d’histoire qui nous manquent pour bien identifier les racines profondes de notre culture. Les Acadiens ont été déportés avec l’objectif d’être anéantis. Les Québécois ont été trahis, non par l’Église mais par ceux qu’elle a formés en vue de prendre la relève. L’auteur déjà cité, Paul-Émile Roy, en fait mention dans son livre dont j’ai transcrit des extraits La crise spirituelle du Québec. Le Québec a été envahi dans sa richesse intellectuelle. Ses nouveaux dirigeants, tant sur la scène politique que culturel, ont adopté le discours du conquérant pour condamner celle qui leur a donné la vie et l’inspiration qui motive cette dernière. Je doute que les notes transcrites à la suite des rencontres du Cardinal Paul-Émile Léger de Montréal avec Pierre-Elliot Trudeau dans les années 50 existent encore. Faudrait-il un roman historique pour resituer le dialogue brisé de ces rencontres? On n’a entendu qu’une version de cette histoire, soit celle de celui qui deviendra premier ministre du Canada pour mieux défendre le Québec. Il a été le premier à condamner le rôle de l'Église et sa mission censée transcender le temps. S'en sont suivis une série de perroquets pour renforcer le mur de la honte entre l'Église et son Peuple, comme un enfant qui renie ses parents quand il constate que ces derniers ne se soumettent pas à leurs exigences.

Le Québec est aussi un pays de missions. Il y a ici le potentiel pour une mission florissante dans les domaines politiques, diplomatiques, culturels et religieux. Un pays sans religion ne peut mettre en marche et développer que des politiques déviantes, articuler une diplomatie imposante et véhiculer une culture ésotérique dont on ne connait plus la source. La santé politique, diplomatique et culturelle d’un pays repose sur le sens religieux du peuple qui constitue ce pays.  En reniant le rôle des deux siècles de l’Église au Québec, on tue l’arbre de la vie au niveau de ses racines. J’ai connu une communauté chrétienne où il n’y avait que des fleurs artificielles dans son lieu de culte. C’est parce qu’il y avait plus personne de disponible pour arroser les fleurs réelles qu’on aurait pu y mettre. En est-il de même avec nos politiques, notre diplomatie et de notre culture en reniant le dynamisme religieux censé de les nourrir? Aurions-nous jeté le bébé avec l’eau du bain? C’est ainsi qu’on se donne une baignoire qui ne sert plus à rien. N'ayant plus de bébés à y laver, si on s'en faisait des pots pour nos fleurs articifielles? Le sujet n'est pas épuisé avec la fin du présent article.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Daniel LeClair
  • : Réflexion libre sur différents sujets sociaux, culturels, religieux. Je suis disponible à répondre aux questions des lecteurs.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens