Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 04:05

Bonjour Cousin Dan,

 

            J’ai rencontré Dieu « façon de parler », il y a seulement 3 semaines. Alors je suis nouvellement croyante et pratiquante.  Vous comprendrez que je me pose plusieurs questions.   

            Dans votre 1er article de l’édition des mois juillet-août, la phrase suivante me surprend : Ma spiritualité s’inspire à plusieurs sources (…) Que voulez-vous dire par « plusieurs sources » ? Je vous remercie à l’avance, du temps que vous prendrez pour me répondre.   Au plaisir de vous lire dans la prochaine édition.

Nancy

 

Chère cousine Nancy,

            La rencontre de Dieu est plus qu’une «façon de parler.» C’est l’expérience fondamentale qui change les perspectives sur la vie et stimule les engagements au nom de sa foi. C’est la sève qui nourrit l’arbre et assainit l’atmosphère sociale et psychologique. C’est plus qu’une question de feeling comme le disait une chanson populaire. Plutôt que d’énoncer des théories sur la spiritualité, je préfère chercher dans ma vie une réponse plus précise. Saint Augustin a écrit dans ses confessions : «Je t’ai cherché en dehors de moi alors que tu m’attendais en dedans de moi.»  Si on regardait cela de plus près, ma chère cousine.

Les sources d’apprentissage

            La vie est une école sans grade et sans diplôme telle une grande aventure dont on ne s’en sort pas vivant. L’existence repose sur un trépied que nous avons, chacun pour soi, le devoir de solidifier pour se garder en équilibre. Il y a les verbes savoir, comprendre et croire. Ils ne sont pas synonymes, ma chère Nancy. Le savoir appartient au monde intellectuel, alors que le verbe comprendre appartient au monde psychologique et que le verbe croire appartient au domaine de la foi. Le manque de savoir engendre l’ignorance, le manque de compréhension engendre le syndrome de la victimisation alors que le manque de foi engendre le cynisme. C’est le vide spirituel dont parlait le Cardinal Ouellet à la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Il n’existe pas des humains ou des choses qui peuvent combler le besoin de croire. On peut croire en ce que l’on sait ou en ce que l’on comprend, mais on risque d’oublier qu’on ne sait pas tout et malgré ses meilleures intentions, on ne comprend pas tout. Seul Dieu peut combler le besoin de croire. Il est primordial de se donner des moments de rencontre avec Lui pour ne pas manquer les précieux rendez-vous.

L’Esprit de Dieu dans le monde.

            La rencontre de Dieu n’est pas sans conséquences. Elle engendre une rencontre avec soi et, si on laisse Dieu agir en nos vies, elle dirige nos rencontres avec les autres. Comme le disait un sage rencontré à Pointe-Verte, une communauté chrétienne où j’ai œuvré comme diacre, il y a une question de fond qui ne se répond jamais. C’est une question sans réponse avec laquelle il faut apprendre à vivre.  Malgré tout ce qu’il savait et ce qu’il comprenait, François d’Assise est mort avec une question fondamentale : «Mon Dieu, qui es-tu et qui suis-je?» Seul Dieu peut répondre à cette question. En ce sens, la mort est une rencontre au-delà de ce que l’on sait et de ce que l’on comprend. On s’y prépare dans notre manière de vivre avec les autres. Tout devient source de spiritualité quand cela nous permet de rencontrer le Dieu qui permet la rencontre de soi et des autres comme complices de la vie et de l’amour qui l’anime.

Questions de curiosité.

            J’ai toujours été curieux par nature. Cela m’a amené à voir la vie comme une aventure. Sincèrement, j’accepte que je ne m’en sortirai pas vivant! Pour moi, la vie repose sur une perspective que les questions encadrent. Comme la plupart des gens, la mort constitue ma plus grande curiosité. J’avais dix ans quand j’ai eu mon premier contact avec celle de mon grand père maternel. J’ai vu son corps dans le cercueil et je savais que ce n’était plus le grand papa que j’aimais. J’ai demandé à ma mère où il était et elle m’a dit : «Il est avec le petit Jésus.» J’étais heureux qu’il ne soit pas seul, mais cela ne me disait pas où il était. Deux mois plus tard, deux jeunes de mon âge se faisaient faucher par un chauffard. J’ai alors réalisé que la vie est bien fragile et que la mort n’est qu’une question de temps qu’on ne choisit pas. J’avais 13 ou 14 ans quand je me suis fait ami avec un homme de 89 ans. Il résidait là où ma mère travaillait. Un jour, je lui ai demandé quand est-ce que je saurais tout de la vie. Il me répondit du tact au tact : «Quand tu sauras que tu ne sais rien.» Plus tard, il m’a expliqué : «J’ai déjà été enfant. Et quand j’ai eu assez d’expérience pour bien vivre mon enfance, j’étais un jeune homme. Quand j’ai eu assez d’expérience pour savoir vivre ma jeunesse, j’étais marié avec des enfants. Quand j’ai su ce que c’était que d’être père, mes enfants étaient partis. Maintenant que j’ai assez d’expérience pour savoir ce qu’est la vie, je dois me préparer à mourir.» C’est là que j’ai appris, ma chère cousine, qu’il me fallait vivre avec mes questions comme des guides dans la vie. C’est aussi avec ce sage que j’ai fait la rencontre d’un Dieu qui m’a révélé ma mission dans la vie. Un dimanche qu’il faisait beau, j’avais hâte de promener mon ami dehors dans sa chaise roulante. À ma surprise, il était encore couché avec les rideaux fermés. Il m’a expliqué qu’il regardait sa chambre et il savait, à partir de son expérience de charpentier, comment les ouvriers s’y étaient pris pour réussir un si beau travail. Puis il me dit : «Mais il y a au pied de mon lit un étranger qui m’a suivi toute ma vie alors que j’ai passé ma vie à le fuir. Je vais quitter ce monde avec lui et je ne le connais même pas.» J’ai regardé au pied de son lit et j’ai vu sa commode à linge surmontée d’un grand miroir. Il était face à lui-même comme devant un étranger. Il est mort quelques semaines plus tard, seul avec cet inconnu alors que ses enfants lui tenaient la main. J’ai compris que ma mission était de m’apprivoiser comme un cadeau de Dieu à moi-même pour vivre avec les autres afin que je ne meure pas seul. C’est avec ce que je suis que je vivrai mon éternité en présence de Dieu.

Différentes sources de spiritualité.

            Si tu peux saisir cela, ma chère Nancy, les sources de spiritualité ne manqueront pas tant tu sauras à quoi elles servent. Je n’étalerai pas la panoplie des mouvements et organismes auxquels j’ai participé car je préfère te laisser choisir ceux qui te conviennent selon tes besoins spirituels. On n’invente pas Dieu, ma chère cousine, seulement les mots qui le définissent dans l’expérience qu’on en fait. Bienvenue dans le monde des croyant(e)s et surtout, prends ton temps pour répondre à tes questions. Elles te guideront dans la vie et elles nourriront ta prière.

Cousin Dan

danilec1@yahoo.ca

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Daniel LeClair
  • : Réflexion libre sur différents sujets sociaux, culturels, religieux. Je suis disponible à répondre aux questions des lecteurs.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens