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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 05:38

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Dans les Évangiles, les plus belles rencontres se font toujours autour d’un repas. En fait, il y a différents genres de repas dans les Évangiles. Quand on parle d’un dîner, on parle de ce repas du milieu du jour où on refait ses forces pour retourner au travail. Il y a aussi ce repas festif tel que les noces de Cana et autres repas dont celui de Jésus avec un Pharisien. Finalement, il y a le Céder, c’est-à-dire le repas pascal que les Juifs mangent une fois par année où on se rappelle la sortie d’Égypte du peuple d’Israël guidé par Moïse. On ne peut donc pas considérer l’Eucharistie comme un repas ordinaire ou à ces repas-rencontre dont parlent les Évangiles. Jésus va instituer l’Eucharistie lors d’un Céder et ce faisant, il change déjà la nature de la Pâque juive. Ce n’est donc plus un repas comme les autres. C’est un «mémorial» qui rappelle un geste précis, le geste par lequel Jésus change le sens que l’on donne au salut du monde.

Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, on y dit : «L’Eucharistie qu’Il institue à ce moment sera le «mémorial» (1Co 11,25) de son sacrifice. Jésus inclut les apôtres dans sa propre offrande et leur demande de la perpétuer (Lc 22,19). Par là, Jésus institue ses apôtres prêtres de l’Alliance Nouvelle : «Pour eux, je me consacre afin qu’ils soient eux aussi consacrés dans la vérité.» (Jn 17,19). Il y a ici un double mouvement intéressant. Non seulement que le pain et le sang deviennent, dans le mystère de la foi, son corps et son sang, mais ses apôtres deviennent aussi les prêtres de la Nouvelle-Alliance. Un seul de ses proches n’a pas été en mesure de passer de l’état «apôtre» à celui de «prêtre de la nouvelle Alliance» et ce sera Judas. Or, les successeurs des apôtres devenus prêtres de la Nouvelle Alliance, ce sont nos évêques. Ils ont la plénitude du sacerdoce dans leur épiscopat conféré par le Pape. Comme ils ne peuvent être partout dans leur diocèse respectif, ils ordonnent des prêtres comme collaborateurs directs de leur ministère.

C’est le Pape qui nomme un évêque et c’est une ordination en soi. Comme l’évêque ne peut pas être partout et en même temps, il confère une partie de son ministère aux prêtres qu’il se choisit.  Donc, dans l’Eucharistie, il y a aussi l’identité même du prêtre. À ce titre, le prêtre n’est pas un simple agent de pastorale ordonné qui fait des sacrements. À l’intérieur du sacrement qu’il préside et célèbre avec le Peuple rassemblé, il ne représente pas le Christ, il personnifie Jésus-Christ (in persona Christi) et quand il prie, entre la consécration des espèces et le Notre Père, il personnifie l’Église en prière (in persona ecclésia).

Ça semble forcé mais il y a ici quelque de vrai que seul le prêtre peut vivre. Pour consacrer le pain et le vin pour qu’ils deviennent le corps et le sang du Christ, le prêtre pose les mêmes trois gestes juxtaposés qui l’ont constitué prêtre lors de son ordination sacerdotale : imposition des mains, le signe de la croix et le souffle consécrateur. C’est aussi pourquoi il prononce seul les paroles de la consécration comme mémorial du Christ et il agit en la personne du Christ. La prière qui suit, préface et prière eucharistique, il agit en la personne de l’Église. La communauté présente participe alors à la prière de l’Église par le ministère du prêtre alors qu’il y a la collaboration de tous les baptisés.

Les baptisés ne sont pas en reste. Le pain représente l’expérience humaine de chaque baptisé. C’est un épi de blé dans un champ qui se fait couper et broyer pour devenir de la farine. C’est la figure de l’expérience humaine. On s’est nourri  de soleil, de vent et de rosée et une expérience douloureuse nous a fauchés. Broyés et mêlés à des éléments étrangers, nous sommes devenus pâte et en nous regardant, le Christ dit à son Père : «Ceci est mon corps…» Le vin représente la communauté. On ne fait pas du vin avec un seul raisin. Il faut toute la grappe qui, comme le blé est broyé et écrasé, se fait témoin souvent impuissant de l’expérience humaine. En plus, on le laisse fermenter. Il y a des choses qui prennent plus de temps à se comprendre au niveau de la communauté.

Le pain personnifie notre expérience personne et le vin personnifie l’expérience collective de la communauté dans laquelle on grandit et on évolue. Et Jésus nous regarde et, par le ministère du prêtre, nous rappelle : «Ceci est mon corps, livré pour vous. Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance dont vous faites maintenant partie. Faites ceci en mémoire de moi.»

C’est en ce sens que nous disons que l’Eucharistie est la source et le sommet de la foi chrétienne. Il faut se le dire, il est difficile de faire le lien entre la théologie d’en bas centrée sur la Parole de Dieu et l’action sociale (anciennement appelée «théologie protestante) et la théologie d’en haut centrée sur la Tradition et les sacrements (anciennement appelée «théologie catholique). L’Eucharistie est le cœur qui réunit la main droite avec la main gauche. Elle réunit donc deux tendances appelées à se compléter et non à s’opposer.

J’aime penser à un ami prédicateur qui disait être l’aîné de 17 enfants vivants. Tout jeune, il découchait une fois pas année pour que la cigogne passe livrer l’enfant que la mère attendait. Plus tard, il a compris que la cigogne en question était une sage-femme qui venait délivrer et la mère et l’enfant. Pour lui, il voyait l’Église est comme une sage femme et non une cigogne venue d’ailleurs. Pour moi, dans le mystère de l’Eucharistie, les deux aspects se rencontrent sans s’opposer. On ne naît pas sage-femme, on le devient avec le temps. Il y a un don de la grâce par le ministère du prêtre avec la participation des gens présents, comme la cigogne venue d’ailleurs, dont le but est de faire de chaque participant à l’Eucharistie des sages-femmes où la mission consiste à délivrer le monde de la vie qu’il tient enfermée et en délivrant la vie que le monde ne sait plus véhiculer.

 

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