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10 novembre 2015 2 10 /11 /novembre /2015 23:13
Le charisme et l'institution

Je suis de l’ère du Renouveau Charismatique des années 1970. Ça se voulait un souffle nouveau pour renouveler les institutions religieuses de l’époque dans la foulée de Vatican II. Cela a aussi été pour moi l’expérience de nommer une présence qui me hantait depuis mon enfacne. C’était aussi une nouvelle grille de lecture pour discerner l’appel à la vocation. Je me souviens que je me sentais comme un don de Dieu à l’Église. Est-ce que les communautés religieuses de l’époque en ont profité pour renouveler leur charisme? Après tout, Vatican II faisait appel aux laïcs comme des pierres vivantes de l’Église et la Révolution Tranquille a obligé à céder les systèmes scolaires et hospitaliers qui, jusqu’alors, étaient la chasse gardée des communautés religieuses.

Les nombreuses communautés religieuses masculines que j’ai fréquentées peinent aujourd’hui à vivre. Les paroisses sont aussi rationnées dans leurs moyens de financer. On parle beaucoup de patrimoine religieux et c’est sûrement avec raison. Mais que faisons-nous de l’héritage spirituel qui découle de l’expérience de foi de nos parents? Nous n’avons pas à les imiter dans notre manière de vivre, mais ils peuvent nous inspirer dans notre manière de croire. Le patrimoine est probablement une tranche d’histoire à sauvegarder, mais l’héritage spirituel est à être développé pour l’avenir de la foi chrétienne et catholique. Une bâtisse porte le poids de son histoire alors que le baptisé porte l’espérance de son avenir. Faut-il sacrifier l’espérance de son avenir pour sauvegarder le poids de son histoire? Le charisme est à l’institution ce que le système d’aération est aux grands édifices.

Il y a des prêtres religieux et il y a des prêtres charismatiques. S’opposent-ils dans la grande institution de l’Église Catholique? Pas du tout. Les papes Paul VI et Benoît XVI ont été de grands papes religieux qui ont su valoriser l’institution de l’Église. Par contre, les papes Jean-Paul II et l’actuel François sont des papes charismatiques. Le premier a posé des gestes concrets pour l’avenir de l’Église à une époque précise. Le second a clairement identifié de qu’est l’Église en périphérie et il pose les jalons pour une Église attentive aux charismes de ses baptisés.

Je suis un prêtre charismatique qui côtoie des prêtres religieux. Je connais d’autres prêtres charismatiques mais la chance leur a permis d’avoir des ressources financières que je ne connais pas. Mais où quelle est la différence pour que les bailleurs de fonds fassent une distinction dans leur rémunération? Le prêtre religieux évangélise à partir de ses activités religieuses où les gens s’assemblent pour célébrer une foi commune. Le prêtre charismatique évangélise à partir du peuple afin de le stimuler à à reconnaître sa foi en vue de s’assembler pour célébrer une foi commune. Là où l’évangélisation du prêtre religieux se termine, celle du prêtre charismatique commence et vice et versa. Les prêtres charismatiques et religieux se complètent dans leurs différences respectives. Ils se nourrissent mutuellement en se côtoyant.

Je suis un prêtre charismatique. Je vois Dieu à l’œuvre dans le monde de tous les jours et dans le quotidien des gens ordinaires. Ils n’ont aucune formation théologique pour justifier ce qu’ils croient et ils peinent parfois à nommer ce qui les motive à croire au-delà de la médiatisation des signes contraires au niveau de la foi. Mais ils ont la foi. Ils ont foi en eux, en Dieu et en les autres dans la mesure du possible. Ils sont attentionnés envers les plus démunis et ils portent aisément un regard de compassion sur les personnes marginalisées tant elles acceptent les différences.

Pourquoi un prêtre charismatique doit-il se sentir sectaire dans une Église qui se dit de l’Évangile et qui se veut ouverte au monde et à son avenir? Je peux affirmer haut et fort que je n’ai aucune difficulté avec mes confrères prêtres religieux et je ne crois pas être une source de souffrantes contradictions pour eux. Ce sentiment d’être à part me vient de ceux et celles qui assurent les fonds qui paient les services du prêtre. Comme ils paient, il veulent le voir travailler. On voit donc le prêtre religieux présider les cérémonies religieuses à l’église et on le voit au bureau de la paroisse à préparer lesdites cérémonies.

Or le prêtre charismatique est un évangélisateur du terrain. Il entend ce que les gens disent pour ensuite leur parler avec des mots qu’ils connaissent. Il est partout mais on ne le voit à nulle part. Les pourvoyeurs de fonds se demandent à quoi sert de payer une telle omniprésence qu’on ne voit pas. Combien de fois me suis-je fait dire qu’on me voyait plus à la télévision communautaire qu’à l’église ou au presbytère! On n’a jamais été de mauvaise foi envers moi et je ne pense pas avoir été une contradiction pour eux. C’est le contexte qui l’exigeait.

J’ai comparé le charismatique à un système d’aération dans un édifice clos. Sans ce système, on suffoque dans des contours bien définis. Est-ce ainsi que l’on veut voir l’Église de demain? La question se pose puisque c’est aujourd’hui qu’il faut agir.

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